LAURA VAZQUEZ Révolution poétique
La poétesse multirécompensée nous entraîne dans une folle épopée, dont les mots sont les héros.
Et si le meilleur moyen de faire fleurir à nouveau la poésie en France était de la libérer de ses chaînes, de rappeler à tous qu’elle se niche partout, tout le temps, au coeur de chacune des formes littéraires et qu’elle n’est pas seulement une succession de vers normés, pris au piège des carcans traditionnels. Voilà en tout cas la noble mission que semble s’être fixée la jeune écrivaine Laura Vasquez depuis qu’elle a pris la plume. Fer de lance d’une nouvelle génération poétique incarnée par Simon Johannin, Sara Mychkine ou encore Marin Fouqué, des performeurs qui n’hésitent pas à déclamer leur texte sur scène, des alchimistes qui triturent le langage jusqu’à obtenir les plus puissants breuvages, elle s’est vite fait une place à part dans notre paysage littéraire. Prix de la Vocation en 2014 pour La Main de la main, son premier recueil, organique et étrange, qui bousculait l’académisme ambiant, mention spéciale du prix Wepler en 2021 pour La Semaine perpétuelle, folle quête romanesque où les envolées poétiques venaient percuter sans sommation le récit, elle se lance cette fois dans une entreprise homérique, elle façonne une épopée dont les héros ne sont rien d’autre que les mots. Sur près de 400 pages menées tambour battant, Le Livre du large et du long raconte l’aventure épique d’une narratrice qui confronte son chaos intérieur à tout ce qui vit, rugit, au-dehors. Partout, les voix ricochent et forment un choeur de douceur et de douleur : « Je t’écris pour te dire que les choses sont si graves qu’elles ne sont pas graves. » ■