3 RAISONS DE LIRE
Reste d’Adeline Dieudonné Des thèmes toujours plus explorés
Tabous sexuels, relations adultères, non-dits de l’adolescence, maltraitances, liberté du corps des femmes : on retrouve ici les thèmes chers à Adeline Dieudonné. Ils sont traités différemment, car ils concernent une seule protagoniste : la narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom. « Je ne pense pas qu’on m’ait appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler. Et on m’a dissuadée d’essayer », écrit cette désespérée qui va franchir bien des interdits.
Une intrigue choc autour du deuil
Quand s’ouvre le livre, M., son amant, vient de succomber à une crise cardiaque. Mais cet homme était marié… Refusant de se séparer du seul homme qui lui a procuré du plaisir et, surtout de l’estime, la narratrice décide de garder le corps. Non, elle ne le restituera pas à l’épouse de M. Elle le met sur la banquette de sa voiture, couvre le cadavre d’une couverture, et roule. C’est parti pour un cheminement immoral, des pérégrinations dingues. Entre déni et folie.
Une nouvelle forme à découvrir
La Vraie Vie avait une composition linéaire. Kérozène était un récit aux allures de puzzle. Dans Reste, on s’aperçoit rapidement que le texte que nous lisons est constitué des lettres que la narratrice écrit à l’épouse de son amant. Elle y raconte sa décision, la route avec le cadavre à bord. Des flashback retracent également son propre parcours amoureux, sexuel, familial. Mais c’est aussi son propre lecteur qu’Adeline Dieudonné provoque.