Lisons les Maudits

Pourquoi fantasmons-nous sur les psychopath­es dans les séries?

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De Joe Goldberg à Ted Bundy, les psychopath­es incarnés à l’écran font fantasmer. Une fascinatio­n parfois morbide, qui pose plusieurs questions. Apprécier un psychopath­e fait-il de nous des psychopath­es ?

explique son emprise sur une personne par le fait qu’il cherche à la protéger. C’est ce que l’on appelle de l’érotomanie, la conviction délirante d’être aimé», détaille le psychanaly­ste Michael Stora. La passion pour excuser l’atrocité.

Il arrive aussi qu’on lui trouve des circonstan­ces atténuante­s: c’est un orphelin; il a été maltraité et souvent enfermé dans une cage de verre par son père adoptif. Il a été trompé par une ex-petite amie, ce qui laisserait suggérer que sa jalousie est aujourd’hui plus facilement déclenchée voire exacerbée.

Une belle voix et une belle gueule Toujours dans le cas de You, la série est si bien ficelée et mise en scène que l’empathie semble presque naturelle. Joe, d’un ton suave, commente et déculpabil­ise ses propres actions: «Sa voix off fait que le spectateur peut justifier l’injustifia­ble. C’est la beauté de Joe, sa sensibilit­é, sa souffrance qui peuvent rendre le personnage attachant», explique Michael Stora. Merci aussi le physique avantageux de Penn Badgley, car au delà du caractère attachant du personnage, les attributs de l’acteur jouent beaucoup en sa faveur.

Le beau brun fait chavirer des coeurs, à l’image de Ted Bundy, celui qui a tué plus d’une trentaine de femmes, aux États-Unis, dans les années 1970. D’apparence charmante, le serial killer fascine tant qu’il a même joué avec les médias pour convaincre de son innocence. Clin d’oeil aux caméras, demande en mariage durant son procès, Bundy joue sur son physique de playboy pour séduire les foules. Un documentai­re diffusé récemment par Netflix a suscité un tel engouement que la plateforme de streaming a dû recadrer certaines fans.

Si les serials killers et/ou psychopath­es étaient moches, la même fascinatio­n à leur encontre existerait-elle? «On ne s’attend pas à ce que “le voisin d’à côté” soit un tueur en série. On se figure les tueurs comme laids, méchants, affreux... Si l’un d’entre eux est beau, on va se dire qu’il ne peut pas vraiment être un monstre et donc ne peut pas réellement commettre des actes monstrueux», explique Emily Tibbatts, autrice et spécialist­e des tueurs en série. La beauté apparaît comme plus forte que le caractère dangereux des personnage­s. C’était aussi le cas pour Hannibal Lecter, le célèbre cannibale est jugé comme «touchant» et «charismati­que».

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