Lisons les Maudits

POSITION TRANCHÉE

Raphaël Enthoven démonte les Anti-vax !

- Par Hector Lepère Junior

Habitué à l’arène des réseaux sociaux, le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche. Loin d’être à une provocatio­n près sur Twitter, vendredi 31 décembre, le présentate­ur de l’émission «Philosophi­e» sur ARTE a tenu à souhaiter la «Bonne année à tous, sauf aux antivax, qui sont vraiment soit des cons, soit des monstres». Des voeux qui n’ont pas tardé à susciter la polémique parmi les adeptes de «l’oiseau bleu».

Vives réactions

Mais le vulgarisat­eur ne s’arrête pas là. Avec un deuxième tweet, il précise qui sont les «cons». Dans la ligne de mire du défenseur de la vaccinatio­n, Floriant Philippot, l’ancien bras droit de Marine Lepen et président des Patriotes ou encore le journalist­e André Bercoff, connu pour ses positions antivax, qui n’hésite pas à comparer le pass vaccinal à «la solution finale» de la Shoah. Dans sa liste de «cons», le philosophe inclut l’actrice

Véronique Genest qui considère cette obligation comme «un viol».

Quant «aux monstres», c’est aux antivax qui lancent des appels à la violence à qui Raphaël Enthoven s’adresse. Dans un dernier tweet polémique, l’agrégé de philosophi­e précise qu’on peut être également les deux.

Cette fois, c’est le député et président

de «Debout la France» Nicolas Dupont-Aignan, récemment positif au Covid, qui est pris pour cible. Ce dernier avait créé la polémique au sein de ses propres troupes en évitant de les prévenir de son état de santé, les mettant ainsi en danger. Chose que le député a démentie. Également habitué aux réseaux sociaux, Nicolas Dupont-Aignan avait aussi comparé l’obligation vaccinale à l’Apartheid.

«Propos lamentable­s», «irrespectu­eux», «mal intentionn­é»... sans surprise, les internaute­s ont réagi en masse à ces voeux pour le moins polémiques.

Raphaël Enthoven : «Il faut se moquer des antivax, car ces gens-là sont dangereux»

Le passe sanitaire est-il une menace pour la liberté, comme l’assurent les manifestan­ts qui défilent chaque samedi ?

Raphaël Enthoven : Le passe sanitaire n’est pas une restrictio­n de la liberté mais, en période de pandémie, une condition de la liberté, au même titre que l’obligation de présenter un passeport permet de voyager ou que l’obligation de respecter le code de la route permet de conduire. Tout ce qui est contraigna­nt (comme un passeport, une limitation de vitesse ou un passe sanitaire) n’est pas une contrainte pour autant. Ce n’est pas l’obligation qui fait la contrainte, c’est l’arbitraire : s’il n’y avait aucune raison particuliè­re d’exhiber un passe sanitaire avant d’entrer dans un restaurant ou un cinéma, si nous ne risquions rien, si des millions de gens n’étaient pas morts à cause de cette saloperie, si nous n’avions pas mondialeme­nt vécu dix-huit mois de pandémie, le fait de l’imposer soudain serait incontesta­blement une contrainte. Ce n’est pas le cas. Et il faut avoir une définition très pauvre de la liberté pour croire que la liberté est entamée par la nécessité de montrer patte blanche avant d’aller au concert ou au cinéma.

A quelle genre de liberté font référence les «anti-passe» ? A la liberté, disent-ils, de «faire ce qu’on veut». Mais la liberté de «faire ce qu’on veut» se heurte au fait que la liberté «s’arrête là où commence la liberté de l’autre.» Pour le dire autrement : je suis moins libre dans un monde où chacun (dont moi) peut faire ce qu’il veut au risque de contaminer l’autre (ou bien que l’autre me contamine) que dans un monde où ma liberté trouve une limite dans la santé de mon semblable. Je suis moins libre dans un monde où chacun peut me refiler ses miasmes, que dans un monde où il faut (temporaire­ment) porter un masque ou présenter un passe. En un mot, loin d’être une menace, le passe sanitaire est une réduction provisoire de liberté sans laquelle la liberté serait celle du renard dans le poulailler. La liberté que défendent les anti-passe porte un nom en philosophi­e : on appelle ça «l’état de nature» - ou la guerre de chacun contre chacun. Et c’est de la capacité à sortir de l’état de nature (en faisant le sacrifice de tout ou partie de notre liberté au profit du souverain qui, en retour, garantit notre sécurité) que dépend la survie de tous. Encore une fois : la limitation de la liberté est, sous certaines réserves, une condition de la liberté. L’interpréte­r comme une entrave, c’est appeler de ses voeux le monde où règne uniquement la loi du plus fort et où, comme il y a toujours plus fort que soi, personne n’est libre.

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