Le dessous des cartes Une primaire écolo pour rien ?
Et si la primaire écolo n’avait servi qu’à diviser les Verts encore un peu plus? Malgré son succès, Yannick Jadot n’est pas assuré de pouvoir participer à la course à l’Elysée en 2017. L’essai reste à transformer. Explications
C’est lui ! Adoubé par les votants à la primaire d’Europe Ecologie-lesVerts (54,25% des su rages), Yannick Jadot a remporté, lundi dernier, son ticket pour représenter les écolos à l’élection présidentielle. Une belle victoire, certes. Mais le plus dur reste à faire: la quête des 500 parrainages d’élus, nécessaires pour pouvoir o ciellement se placer sur la ligne de départ. Le risque, pour Jadot, d’un long chemin de croix. Les Verts ont souvent ramé pour obtenir leurs signatures, mais cette fois les choses sont nettement plus compliquées. Eprouvé par des déroutes électorales successives et le départ de plusieurs de ses ténors pour cause de « dérive gauchiste », miné par les séquelles de ses divisions internes, le parti est a aibli comme jamais.
Conséquence des contre-performances enregistrées aux départementales, aux européennes et aux régionales, les e ectifs du parti ont fondu comme neige au soleil. « 270 élus, EELV ou apparentés, sont aujourd’hui en mesure de donner leur signature », estime le secrétaire national du parti, David Cormand. Un chi re qui étonne François de Rugy, député de Loire-Atlantique, de ceux qui ont claqué la porte: « Ils ont dû ratisser large… »
Quoi qu’il en soit, les écolos misent désormais sur la bonne volonté de maires de petites communes, « sans étiquette mais sensibles à l’écologie », pour récolter les signatures manquantes. Un long et laborieux travail de quadrillage, auquel Cécile Duflot avait commencé à s’atteler, avant son élimination brutale au premier tour de la primaire. « Tout sera reversé au pot commun », assure-t-on dans son camp. Pas sûr que cela su se : la menace d’une gauche laminée dès le premier tour de la présidentielle pourrait dissuader plus d’un maire de prêter main-forte à Yannick Jadot. « Ce sera di cile, concède Cormand, mais nous sommes optimistes. »
Reste un autre écueil : l’argent. Endetté, fin 2015, à hauteur de 3 millions d’euros, EELV devra se contenter d’une campagne « légèrement supérieure à 1 million d’euros », estime le trésorier du parti, Thierry Brochot. Autant dire minimaliste. « On est habitué aux choses simples », poursuit-il, dans un bel euphémisme. Pour se financer, EELV compte sur les 840 000 euros que rembourse l’Etat à chaque candidat, même s’il n’a pas atteint 5% des voix… Mais, là encore, les écolos butent sur le problème des signatures : le remboursement de l’Etat n’est accordé qu’à la condition d’avoir obtenu ses parrainages. Le parti table aussi sur le nombre et la générosité des donateurs, qu’il sait pourtant très aléatoires : en 2012, Eva Joly avait réuni aux alentours de 450000 euros, contre seulement 40000 euros pour Dominique Voynet en 2007. Pas de quoi troubler, du moins en apparence, des écolos bien décidés à a cher un optimisme à toute épreuve. « Depuis 1974, date de la première candidature écologiste à la présidentielle, les Verts ont toujours obtenu leurs signatures», rappelle Noël Mamère, lui-même candidat en 2002. « Ne vous inquiétez pas, on a de quoi s’habiller, on ne fera pas de meetings tout nus », ironise le député de Gironde. Nous voilà (presque) rassurés !