Les sept débonnaires
LES DERNIERS LIBERTINS, PAR BENEDETTA CRAVERI, FLAMMARION, 670 P., 26 EUROS.
Ils sont sept, comme les archanges ou les péchés capitaux. Benedetta Craveri (université Suor Orsola Benincasa de Naples) les a choisis parce qu’ils furent les derniers libertins. A suivre les destinées du duc de Lauzun, du comte et du vicomte de Ségur, du duc de Brissac, du chevalier de Bou ers, du comte de Narbonne ou de celui de Vaudreuil, on comprend mieux ce qui se cache chez ses sept débonnaires. Mêmes milieux, mêmes intérêts et souvent mêmes femmes. On y croise Talleyrand, Chamfort et le prince de Ligne, le cynique, le moraliste et l’épicurien qui échangeraient bien leurs rôles, mais ne sacrifieraient pas leur confort pour la liberté d’un bon mot. Dans cette petite société où chacun finit par ressembler à l’image qu’il se fait de lui-même s’agitent les feux ultimes d’une aristocratie qui s’e ace dans le tourbillon révolutionnaire comme le montre le dernier chapitre consacré à 1789. Attirés par les Lumières comme le sont les papillons de nuit par les bougies, presque tous saluèrent la Révolution dont ils s’éloignèrent après la décapitation du roi. D’une plume agile, Benedetta Craveri brosse les portraits des derniers représentants d’une civilisation aristocratique dont ils avaient consciencieusement, dans le faste, l’insouciance et les plaisirs, accéléré la chute.