Les espionnes sortent de l’ombre
ESPIONNES, DOUBLES VIES SOUS HAUTE TENSION, PAR DALILA KERCHOUCHE, FLAMMARION, 300 P., 21 EUROS.
Il ne faut pas se fier au titre de cet ouvrage beaucoup plus important qu’il n’y paraît. Certes, il y est question de la vie di cile des femmes qui occupent des postes élevés dans les sept services de renseignement français, dont la mythique DGSE : le machisme insupportable, la séparation d’avec la famille et les amis, la lourdeur d’une tâche devenue hautement stratégique en ces temps de terrorisme… Mais le livre de Dalila Kerchouche (photo), grand reporter à « Madame Figaro », est avant tout un document exceptionnel sur l’espionnage français. Jamais autant d’o ciers en activité, des dizaines, n’avaient témoigné (anonymement) sur leurs façons de travailler, de recruter et de manipuler les sources, remonter des filières, les démanteler. Grâce à une infinie patience et à une intelligence humaine redoutable, Dalila Kerchouche parvient à faire lâcher prise à ces femmes formées au mensonge et au travestissement. L’une raconte le travail quotidien de la direction technique de la DGSE, celle des écoutes, dont elle est le numéro deux. Une autre révèle l’existence d’une équipe chargée de tout savoir en permanence sur les grands leaders de ce monde. Une troisième, la première femme officier traitant de l’histoire, raconte comment elle a fait voler des documents dans des ministères à l’étranger. Un livre remarquable qui, pour la première fois, montre à voir sans fanfaronnade le coeur du métier d’espion.