Manset sous la Coupole!
MANSETLANDIA, PAR GÉRARD MANSET (WARNER MUSIC).
Le Nobel pour Dylan, l’Académie pour Manset. Puissant comme Hugo, hermétique comme Mallarmé, naturaliste comme Zola, l’écrivain des « Petites Bottes vertes » revêtira-t-il un jour l’habit de l’auteur de « Tristes Tropiques » ? Notre solitaire publie pour les fêtes son ultime intégrale : un élégant coffret de 19 CD, agrémenté d’un livret de 120 pages, chansons illustrées par les photos de l’animal, qui écrit tout, se joue de tout, produit tout, contrôle tout comme d’habitude jusqu’au superflu, qu’il faut éventuellement chercher dans ses derniers albums alors qu’il n’y a rien d’inutile, aucune faiblesse, de « la Mort d’Orion » à « Revivre » – vingt ans de grâce absolue. Dans cette revisitation raisonnée (et révision rituelle) de son oeuvre, le rockeur invisible nous gratifie de quelques repentirs et de raretés, essentiellement six titres de 1972, dont « Caesare » en latin, un christique et sublime « l’Amour infernal » et une « Jeanne » qu’on citerait intégralement : « Et chanteront les vagues bleues/Crachant des anges comme il pleut… » Irremplaçable.