L'Obs

Constance Guisset

Ses objets et scénograph­ies, entre abstractio­n et figuration, séduisent éditeurs de mobilier, musées et chorégraph­es les plus en vue. A 40 ans, la discrète designer s’est fait un nom

- par DORANE VIGNANDO

QUI EST ELLE ?

Si son mari, Laurent Le Bon, directeur du Musée Picasso, oeuvre dans le quartier historique du Marais, elle a préféré installer son atelier dans un 18e métissé et popu, au coeur de la Goutte d’Or. Un grand studio avec verrière où l’on retrouve les objets qui font sa renommée : le canapé Nubilo avec ses coussins en forme de galets (édition Petite Friture), la table Simple (Ethnicraft), les abatjour Chantilly (Moustache). Ou encore la lampe Vertigo (Petite Friture), best-seller absolu : une suspension en forme de corolle évanescent­e qui vous décoi e un intérieur en un tournemain. Délicat, fluide, positif, coloré sont autant d’adjectifs qui collent au design « féminin » de Constance Guisset. Elle assume. « Je défends l’idée de l’élégance et de la délicatess­e. Mais voit-on dans mes créations que je suis fan de sport, de mécanique, d’ornitholog­ie et de science-fiction ? Si j’étais un homme, vous ne diriez pas que c’est “féminin”, mais que c’est un design sensible, poétique. » Et bim.

D’OÙ VIENT ELLE ?

Constance Guisset a beau créer des objets tout en légèreté, c’est une femme de poids. Le CV est costaud : diplômée de l’Essec, assistante d’un député au Parlement japonais, diplômée de Sciences-Po, diplômée de l’Ensci (Ecole nationale supérieure de Création industriel­le), Grand Prix du design de la Ville de Paris, créateur de l’année au Salon Maison & Objet… Voilà une femme qui sait se servir de sa tête et de ses mains. Côté famille, on compte sept frères et soeurs, des parents entreprene­urs et un grand-père bricoleur « qui a inventé la machine à planter les betteraves ». Constance, l’intelloman­uelle, résume le tout : un premier établi à 8 ans, une machine à bois à 11, un bac scientifiq­ue à 16, puis des études en grandes écoles sans jamais lâcher l’atelier menuiserie… Après, ce sera six années au sein de l’agence de design des frères Bouroullec, avant de lancer son propre studio en 2009.

QUE FAIT ELLE ?

Mobilier édité chez Molteni, Petite Friture, Ethnicraft ; objets nomades pour Louis Vuitton ; bureau La Redoute ; collection capsule pour Monoprix… Constance Guisset multiplie les collaborat­ions. Elle a également signé diverses scénograph­ies pour des expos au Musée du Quai Branly, au Palais des Beaux-Arts de Lille et vient de terminer la mise en scène de « Tenue correcte exigée » au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Son travail sur le mouvement a aussi séduit le chorégraph­e Angelin Preljocaj. Ces deux-là s’entendent si bien que la créatrice en est à sa troisième scénograph­ie avec lui, dont le ballet « la Fresque », actuelleme­nt à l’a che à Aix-en-Provence. « Avec Angelin, on partage la passion du sport, on a ainsi un rapport très direct », dit-elle. Une grande rétrospect­ive baptisée « Anima » lui est consacrée au Mudac à Lausanne (Suisse) jusqu’en janvier prochain, accompagné­e de la publicatio­n d’une première monographi­e.

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