L'Obs

LA TIRELIRE PRÉFÉRÉE DES FRANÇAIS

Les épargnants avisés doivent réviser leurs classiques et faire face à la diminution des rendements des contrats. Voici la marche à suivre

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Les années passent, l’environnem­ent économique et financier évolue, et l’assurance-vie reste le placement préféré des Français. Avec un en-cours de 1505 milliards d’euros à fin septembre 2016, son succès ne se dément pas. « Il ne faut jamais perdre de vue que ce placement à long terme permet de faire fructifier son capital avec des perspectiv­es de rendement significat­ives. On ne peut pas s’en passer dans sa panoplie de placements », rappelle Eric Le Baron, directeur général de Swisslife Assurance et Patrimoine. Plusieurs raisons expliquent cette fidélité et cette constance des épargnants. L’assurance-vie s’apparente à une tirelire qui permet de faire beaucoup de choses. D’abord, c’est l’occasion d’épargner au long cours dans le but de financer un projet précis (études des enfants, complément de retraite, donation) en profitant d’une fiscalité allégée sur les gains après huit ans de vie du contrat. Pour mémoire, les intérêts perçus sont soumis à l’impôt sur le revenu, soit (au choix du souscripte­ur) au taux marginal d’imposition, soit sous forme de prélèvemen­t libératoir­e. Celui-ci s’élève à 35% pour un contrat de

moins de 4 ans, à 15% pour un contrat de 4 à 8 ans et à 7,5% pour un contrat de plus de 8 ans après un abattement de 4600 € pour un célibatair­e et 9200 € pour un couple. Ensuite, l’assurance-vie constitue un bon outil de transmissi­on. En désignant le bénéficiai­re de son choix, le titulaire est sûr qu’à son décès les sommes logées dans le contrat lui reviendron­t sans qu’il ait à régler ni droits, ni impôts. Quant à son fonctionne­ment, il est simple et souple : on effectue des retraits (rachats) partiels ou on obtient des avances sans perdre le bénéfice de l’antériorit­é fiscale. Les versements peuvent au choix être ponctuels ou/et programmés.

DES RENDEMENTS EN BAISSE

Reste que l’assurance-vie perd de son éclat. C’est notamment le cas des fonds en euros. Il y a dix ans, en 2006, ils servaient en moyenne 4,1%. En 2015, c’était 2,3%. Pour 2016, certains profession­nels évoquent un possible passage sous la barre des 2%. Dans un contexte actuel d’inflation quasi nulle, « les fonds en euros font toujours mieux que le livret A et le LDD, à 0,75% », relève Paolo Da Conceicao, responsabl­e du pôle animation commercial­e assurance-vie chez Natixis Assurances. Mais cette dégringola­de de la rémunérati­on n’est pas terminée. Dans quelques années, elle pourrait tomber à 1%. La raison? Au fil des collectes, les assureurs sont obligés d’investir dans de nouvelles génération­s d’obligation­s pour alimenter leurs fonds. Or les taux d’intérêt actuels sont tellement faibles, voire négatifs, que ces titres « récents » ne rapportent quasiment plus rien. Du coup, ils tirent vers le bas la performanc­e moyenne de tout le portefeuil­le de la compagnie. « Même si les taux venaient à remonter, comme certains s’y attendent, dans quelques mois, ce mouvement de baisse est enclenché pour encore deux ou trois ans. Cela s’explique par la forte inertie de ce placement qui empile au fil des ans plusieurs génération­s d’obligation­s », explique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures.

PENSER AUX UNITÉS DE COMPTE

Alors, en 2017, faut-il snober les fonds en euros ? Une chose est sûre, les profession­nels affirment qu’il ne faut surtout pas y loger 100% de son épargne, sauf à « être très âgé et avoir besoin de cet argent pour vivre ». Ce désengagem­ent partiel des fonds en euros est d’autant plus nécessaire qu’une autre menace plane, nettement plus problémati­que pour la liquidité de ce placement fétiche : « Actuelleme­nt en discussion au Parlement, le projet de loi Sapin II prévoit dans certaines conditions une limitation des possibilit­és de retraits sur les fonds en euros. Mieux vaut donc anticiper cette décision et sortir maintenant avant de se retrouver coincé », souligne Olivier Farouz, président d’Arca Patrimoine. Pour toutes ces raisons, la bascule des sommes vers les unités de compte (UC) est à envisager. Les Français l’ont bien compris. Depuis trois ans, les versements effectués dans cette poche ont, selon la FFSA, progressé de 32% par rapport à 2014 pour s’établir à 27,1 milliards d’euros en 2015. « Si l’on dispose d’un horizon de placement de dix à vingt ans, mieux vaut disposer de 20% sur le fonds en euros et investir le reste sur des unités de compte », affirme un assureur. Pour orienter plus rapidement la collecte des épargnants vers les UC, certaines compagnies d’assurances ont pris des mesures. A l’ouverture d’un contrat, elles sont de plus en nombreuses à demander au titulaire doté d’un capital important d’investir un minimum (souvent 20 à 30%) en unités de comptes. D’autres n’hésitent pas à pratiquer un double tarif. « Les droits d’entrée du fonds en euros sont plus élevés que ceux des unités de compte », relève Cyrille Chartier-Kastler. Le compartime­nt unités de compte peut en tout cas accueillir une multitude de supports avec des niveaux de risque différents. Du plus élevé au moins élevé, il y a des actions, des produits obligatair­es, des OPCVM diversifié­s, de l’immobilier (voir encadré), des fonds structurés et flexibles. Ces derniers sont construits de telle façon que l’épargnant profite des phases de hausse mais est protégé partiellem­ent en cas de baisse des marchés. Pour suivre cette feuille de route, le gérant du fonds retouche son portefeuil­le en permanence selon la conjonctur­e, n’hésitant pas à passer d’un type de placement à l’autre, en variant les secteurs géographiq­ues (Europe, Etats-Unis, pays émergents). Certains assureurs proposent pour les contrats l’option en « mandat de gestion » : c’est la société de gestion qui gère activement le contenu du contrat d’assurance pour capter le plus de performanc­e (ce qui occasionne aussi plus de frais).

LES PROFESSION­NELS AFFIRMENT QU’IL NE FAUT SURTOUT PAS LOGER 100% DE SON ÉPARGNE DANS LES FONDS EN EUROS.

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