George Harrison, oeuvres complètes
THE VINYL COLLECTION (COFFRET), PAR GEORGE HARRISON (CAPITOL/UNIVERSAL).
Le plus jeune des Beatles fut le premier à sortir un album solo. Mieux encore, un mois avant le « Two Virgins » iconoclaste de John et Yoko, « Wonderwall Music » est le premier disque du nouveau label Apple Records. Bande originale du film « Wonderwall », il illustrait la passion de George pour Ravi Shankar. Alors que les Fab Four se déchirent, le timide George, longtemps brimé par la fièvre créatrice de ses deux aînés (et malgré tout crédité au sein du groupe d’une douzaine de titres, dont « While My Guitar Gently Weeps » ou « Here Comes the Sun »), pionnier du sitar dans l’univers rock, s’a ranchit. Et persévère avec l’avant-gardiste « Electronic Sound » en expérimentant les arcanes du synthétiseur Moog. Deux curiosités à redécouvrir dans le co ret qui réunit les douze albums solos de George (plus le double « Live in Japan » et deux maxi-vinyles en bonus), et permet de mesurer l’étendue de son talent. Rien que son triple chef-d’oeuvre, « All Things Must Past », est allègrement comparable aux contemporains « McCartney » et « Plastic Ono Band ». A tout prendre, les élans mystiques de « My Sweet Lord » valent bien le poing levé (et cri primal) du « Working Class Hero » ou l’ode à « Lovely Linda » du gentleman-farmer Paul. Un sommet qu’il n’atteindra plus qu’épisodiquement. Demeurent des bonheurs tels que « Dark Horse », alors injustement critiqué, « Cloud Nine », encensé de son vivant, ou « Brainwashed », en belle épitaphe de l’Angelo Misterioso qui, à la fin de sa vie, se considérait plutôt comme un jardinier dans le parc de son manoir.