WRONG ELEMENTS PAR JONATHAN LITTELL
Documentaire franco-germano-belge (2h13).
Ils s’appellent Geoffrey, Nighty, Mike ou Lapisa. Ils font partie des 60 000 jeunes Ougandais arrachés à leur famille par la LRA, l’armée rebelle du chef mystique Joseph Kony, pour former ses troupes et faire régner la terreur dans le bush à coups de pillages et de massacres de paysans. Revenus à la vie civile, ils témoignent face à la caméra de Jonathan Littell qui connaît le terrain pour l’avoir fréquenté en mission humanitaire ou comme reporter de guerre. Quand passe-t-on de victime à bourreau ? C’est l’éternelle question que se pose Littell et qui trouve, chez ces ex-enfantssoldats éduqués à tuer dès le plus jeune âge, une incarnation complexe. Les garçons plaisantent en revenant sur leur expérience, s’amusent à reconstituer leurs faits d’armes, Nighty élève comme elle peut le fils que lui a fait Kony. Quand Geoffrey rencontre la mère de victimes ou quand Lapisa est soumise à un exorcisme, surgissent la douleur et la violence. Pour son premier documentaire, l’auteur des « Bienveillantes » s’inscrit dans la lignée du travail de Joshua Oppenheimer sur le génocide indonésien avec « The Art of Killing » et « The Look of Silence ». « Wrong Elements » n’a pas la puissance cinématographique et transgressive de ces derniers, sa dialectique est plus simple, malgré les intermèdes remplis de plans de nature et de musique baroque. Trop long, il n’en demeure pas moins un objet de réflexion.N. S.