Rodin-Kiefer : rencontre au sommet
KIEFER-RODIN. JUSQU’AU 2 OCTOBRE, MUSÉE RODIN, PARIS-7E. RENS. : 01-44-18-61-10. CATALOGUE DE L'EXPO, GALLIMARD, 288 P., 35 EUROS.
Invité à réaliser une exposition pour célébrer le centenaire de la disparition d’Auguste Rodin, Anselm Kiefer a pris les choses au sérieux. A l’exemple du sculpteur, qui avait fréquenté les cathédrales de France (donnant lieu à un ouvrage publié en 1914), il a visité églises et cathédrales de Chartres, Melun et Etampes. Ce périple ne fut pas le seul. En 2013, Kiefer avait déjà exploré les réserves du Musée Rodin, découvrant notamment ses fameux « abattis », véritable base de données constituée par le sculpteur et ras- semblant des modèles en plâtre de pieds, de mains ou de jambes. Des oeuvres sont nées de ces explorations : d’immenses peintures (ci-contre, « Cathédrales de France », 2016) figurant des « tours-cathédrales » envahies d’épaisses couches de pigments, certains brûlés par des nappes de plomb ; des dessins érotiques qui font écho à ceux de Rodin (présentés ici dans la galerie d’art graphique); des vitrines où l’on retrouve des moules de sculptures et divers matériaux. S’emparant des techniques utilisées par Rodin (celle de l’assemblage notamment), Kiefer crée ses propres métamorphoses au contact d’une oeuvre incroyablement novatrice. On en voudra pour preuve ce magnifique plâtre de Rodin, « Absolution », qui, après restauration, est exposé pour la première fois à l’occasion de ce centenaire. Cette pièce mystérieuse (un couple en train de s’embrasser, leurs corps dissimulés sous des draps et des tissus) est un chef-d’oeuvre sans pareil. En amour comme en sculpture, Rodin savait s’y prendre !