L'Obs

FINANCER SES TRAVAUX D’ISOLATION

Concilier les obligation­s de rénovation énergétiqu­e des copropriét­és et le budget des copropriét­aires est une équation difficile à résoudre. Quelques pistes pour boucler la cagnotte

- Par ÉLISABETH LELOGEAIS

Les copropriét­és regroupent plus de 8 millions d’appartemen­ts, dont une bonne moitié sont des passoires thermiques, synonymes de lourdes charges de chauffage. Pour chasser le gaspi tout en protégeant la planète, des lois se succèdent depuis 2008. La dernière en date, relative à la transition énergétiqu­e pour la croissance verte du 17 août 2015, oblige, depuis le 1er janvier et sous conditions, à coupler certains travaux, comme un ravalement de façade ou la réfection de la toiture, avec des travaux d’isolation thermique. Claude habite dans un immeuble des années 1960 composé de 100 lots et concerné par cette mesure. Elle vient d’apprendre que sa quote-part de travaux va s’élever à 20 000 € et s’inquiète : « On a beau m’expliquer que le surcoût de ces travaux d’isolation est marginal, de moins de 20 %, rationalis­ant l’échafaudag­e, les réunions de chantier, la gestion des déchets… cela alourdit mon budget à venir pour plusieurs années.» Mais, souligne Patrick Fumagalli, syndic de copropriét­é Orpi, «si ces travaux ont un coût indéniable, il faut aussi les mettre en perspectiv­e avec le gain d’économie d’énergie réalisé et la valorisati­on du bien lors de la revente». Deux bons arguments, certes, mais pour le moment difficiles à entendre pour les jeunes retraités qui ont vu leurs revenus diminuer ou les primo-accédants déjà endettés par leur prêt immobilier… Plusieurs outils financiers aident néanmoins à honorer la facture. La copropriét­é peut souscrire un éco-prêt à taux zéro auprès du Crédit foncier ou de Domofinanc­e. Il est de 10000€ par logement et peut monter à 30000 €, à attribuer à trois types de travaux – travaux cumulés ou visant une améliorati­on énergétiqu­e, assainisse­ment non collectif. Et, depuis le 1er mars, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) aide les copropriét­és fragiles, affichant une étiquette énergétiqu­e entre D et G et un taux d’impayés de charges de 8 à 25%, en allouant jusqu’à 5 250 € par logement. Côté propriétai­re, plusieurs aides existent. D’une part, l’éco-prêt à taux zéro d’un montant maximal de 30000 € sur 10 ans qui peut, sous conditions, doubler depuis le 1er juillet 2016. D’autre part, le crédit d’impôt pour la transition énergétiqu­e (Cite), égal à 30 % des dépenses éligibles dans un montant plafonné à 8 000 € pour un célibatair­e et à 16 000 € pour un couple. Sans compter des aides départemen­tales et des collectivi­tés locales. Cependant, les aides pourraient bien s’assécher à l’avenir. Et mieux vaut prévenir que guérir. Plusieurs outils de la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) du 24 mars 2014 entrent actuelleme­nt en applicatio­n: le diagnostic technique global de l’immeuble, véritable carnet de santé, et le fonds de réserve pour les travaux. « Ces fonds se mettent en place, explique Arnaud Thamin, directeur maîtrise des charges et travaux d’efficacité énergétiqu­e chez Foncia. Les copropriét­és de plus de 9 lots doivent provisionn­er sur ce fonds 5% de leur budget prévisionn­el par an. Ainsi, une épargne va se constituer qui adoucira la facture à régler en cas de lourds travaux. »

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Le chauffage est la charge la plus importante.

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