L'Obs

CÔTE D’AZUR

A Nice, Antibes et Cannes, les ventes de résidences principale­s tournent à plein régime grâce à des prix assagis et des taux d’intérêt encore bas. En front de mer, les acquéreurs de résidences secondaire­s redécouvre­nt les charmes de la Riviera et ont la g

- Par SOPHIE BONIS

Après une décennie de pénurie, le marché du logement neuf de la Métropole Nice Côte d’Azur bénéficie d’une réelle embellie. L’an dernier, 2 559 nouveaux logements, dont 190 au prix encadré de 3 600 €/m2 et réservés aux actifs locaux, ont été mis en vente, d’après l’observatoi­re immobilier d’habitat Côte d’Azur. Les réservatio­ns ont suivi, et 1420 ventes ont été conclues à Nice au prix moyen de 5 138 €/m2, en hausse de 2 %. « Si la part des investisse­urs reste plutôt stable, celle des accédants à la propriété a progressé de 4 % et représente actuelleme­nt 48% des ventes. Certains d’entre eux qui, auparavant, n’étaient pas solvables le sont devenus en 2016 grâce aux taux d’intérêt bas et au prêt à taux zéro, constate Richard Molinié, directeur général du Groupe Gambetta Paca. Mais si les taux remontent et si les prix du neuf augmentent trop, nous risquons de nous priver d’une part importante de ces acheteurs-là.» Constat similaire dans l’ancien. Avec un nombre de reventes en hausse jusqu’à 15 % selon les secteurs, le marché niçois de l’ancien a en effet connu en 2016 une activité exceptionn­elle, confirmée en ces premiers mois de 2017. Un choix étoffé de biens à la vente, conséquenc­e de deux années d’immobilism­e, et des taux d’intérêt bas ont notamment incité les primo-accédants à passer à l’acte d’achat. Ces derniers, qui représente­nt au moins 40% des acquéreurs niçois, sont devenus propriétai­res de 2 ou 3-pièces entre 150000 et 250000€ dans les quartiers de Nice-Nord, de la Californie, de la Libération ou de Pasteur, où les biens s’affichent traditionn­ellement au-dessous du prix moyen niçois, 4269€/m2 d’après la

Fnaim. Mais pas seulement. Sur les hauteurs résidentie­lles de Nice-Ouest, avenue de la Lanterne, un 2-pièces de 55 m2 avec terrasse et une belle vue sur la mer s’est par exemple vendu 190 000 €, soit moins de 3500 €/m2, alors qu’il aurait franchi les 4 000 €/m2 auparavant. Les prix, qui fléchissai­ent au cours du premier semestre 2016, se sont redressés au cours du second pour clôturer l’année en hausse de 3,03 %. Des chiffres qui gomment en partie la baisse cumulée des prix de l’ancien, estimée à - 10 % sur les cinq dernières années. « Pour l’heure, nous ne ressentons pas de réel mouvement sur les prix, car les acquéreurs ont encore l’avantage dans les transactio­ns. Un vendeur qui exige un tarif supérieur à celui du marché ne vend pas », nuance Moïse Vergeot, président du groupement Orpi Côte d’Azur. Hormis pour les grands appartemen­ts en centre-ville et les maisons entre 500 000 et 800 000 € situées à plus de quinze minutes du centre de Nice, qui intéressen­t moins, les transactio­ns tournent à plein régime. Malgré des loyers en baisse de 1,3 % l’an dernier, à 15,70 €/m2, d’après l’observatoi­re Clameur, les investisse­urs s’intéressen­t aux petites surfaces entre 80000 et 160 000 €. « Ils savent que, dans une ville comme Nice, ils bénéficien­t d’un double effet de rentabilit­é. Celle, immédiate, d’un loyer et celle, différée, d’une plusvalue potentiell­e à 10 ou 15 ans », ajoute Moïse Vergeot. Qu’attendre donc de 2017 ? « Même si le marché niçois est solide, la reprise reste fragile, car ce niveau exceptionn­el des ventes a bénéficié de l’effet conjonctur­el des bas taux d’intérêt, explique Frédéric Pelou, président de la Fnaim de la Côte d’Azur. Le volume des ventes, déjà élevé, ne devrait pas beaucoup progresser. Les délais de vente, qui se sont raccourcis, peuvent être un facteur de renchériss­ement des prix, d’autant que le marché provençal s’affiche globalemen­t à la hausse. » Antibes « Depuis le début de l’année, la tendance est à l’augmentati­on du volume des transactio­ns. Le nombre de biens disponible­s à la vente se réduit», constate Yannick Cicile, directeur d’Orpi Action Immobilier. «Les prix ne repartent pas à la hausse pour autant et ont continué de baisser dans le cas d’appartemen­ts à rénover. » Suite à la stabilisat­ion du prix moyen des reventes à un peu moins de 4 400 €/m2 et grâce à des taux d’intérêt bas, la reprise a gagné l’ensemble du marché. Les villas de 450 000 à 600 000 € et les appartemen­ts de 3-pièces sont parmi les plus demandés. Sur les hauteurs, à proximité des accès autoroutie­rs, les jeunes actifs travaillan­t à Sophia-Antipolis dénichent des logements à rénover à moins de 200 000 €, qu’ils financent par emprunt sur 20 ans et parfois 15. Quant aux cadres et profession­s libérales, ils font leur retour sur des biens plus cossus. Au départ du cap d’Antibes, un rez-de-jardin de 85 m2 habitables, 50 m2 d’extérieur et garage, situé dans une copropriét­é de standing des années 1970, s’est vendu 400 000 €. Après le creux de l’été 2016, les ventes de résidences secondaire­s ont repris grâce à une clientèle parisienne. Dans les quartiers de l’Ilette, de la Rostagne ou de la Pinède, proches des plages, les T2 et T3 se vendent de 350000 à 500 000 €. En front de mer à Juan-lesPins, la cote des petites surfaces reste stable, dans une fourchette allant de 6000 à 10000€/m2. Dans le centre d’Antibes et de Juan-les-Pins, les investisse­urs s’intéressen­t aux studios d’environ 100 000 €, qui leur rapportent jusqu’à 8% de rentabilit­é brute quand ils sont loués à la nuitée. Cannes A la Californie, au Palm Beach ou à Super-Cannes où les prix des appartemen­ts varient de 15 000 à 20 000 €/m2, le retour des acquéreurs étrangers décuple les ventes des 3-pièces avec vue sur la mer et terrasse, qui se vendent au moins 1,2 million d’euros. «Les Suisses, Allemands ou Belges qui avaient pris l’habitude d’aller investir leur argent en Espagne ou en Grèce se sont recentrés sur la France, sous un soleil plus sûr, constate Patrick Casaburo, directeur de Capitole Internatio­nal. Cependant, aujourd’hui, les biens qui ne sont pas présentés à leur vrai prix de marché ne se vendent pas.» Un constat valable aussi pour la Croisette, où la cote des appartemen­ts fluctue, passant du simple au double selon l’immeuble et l’étage. Si au n° 67 de la Croisette, l’immeuble le plus récent du célèbre boulevard, le mètre carré en étage intermédia­ire se négocie à 50000€, il n’en coûtera «que» de 30000 à 35000 € dans la copropriét­é 1970 vieillissa­nte voisine. Sur le marché de la résidence principale, les taux bas et des prix assagis de 10 à 15 % au cours des cinq dernières années favorisent la reprise des transactio­ns, hors la gamme comprise entre 700 000 et 900 000 €. « En fait, les rabais consentis pendant les négociatio­ns sont plus importants qu’auparavant et peuvent atteindre 10% du prix, surtout si des travaux s’imposent », nuance Franck Paulmier, directeur de Cannes Azur Immobilier. A Montrose, une villa de 140 m2 habitables avec une terrasse de 100 m2, présentée à 660 000 €, a été cédée à 600 000 €. Le bien le plus recherché reste néanmoins le 3-pièces d’environ 80 m2, que les primo-accédants trouveront au Cannet-Europe ou au Petit-Juas à partir de 250 000 €.

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Le marché niçois connaît une activité exceptionn­elle depuis 2016.
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A Antibes, les 3-pièces sont les plus recherchés.
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Cannes voit le retour des acquéreurs étrangers.

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