L'Obs

On en parle Le Crillon (re)carillonne

Après quatre années de fermeture et quelque 200 millions d’euros de travaux, le mythique hôtel de la place de la Concorde a rouvert ses portes le 5 juillet

- Par DORANE VIGNANDO

L’atmosphère est quelque peu survoltée. Il en est toujours ainsi, lorsque l’on fignole les derniers préparatif­s avant son entrée en scène. Après le Ritz, son voisin place Vendôme, l’Hôtel de Crillon (géré par le groupe Rosewood Hotels & Resorts) vient à son tour de terminer sa remise en beauté. Ce palais, dessiné en 1758 par l’architecte Jacques-Ange Gabriel à la demande du roi Louis XV, en avait bien besoin. Le voilà déjauni et rajeuni : nouveau restaurant, nouveau bar, nouvelle brasserie, nouveaux salons, nouvelles chambres et suites. Un prince saoudien se l’est offert en 2010 pour 250 millions d’euros, et en a déboursé encore 200 millions pour financer ce titanesque chantier, un de plus dans la course effrénée à laquelle se livrent les palaces de la capitale.

Dans le respect de l’esprit de ce monument classé, l’édifice a été repensé entièremen­t par l’architecte Richard Martinet. Côté mise en scène, la directrice artistique Aline Asmar d’Amman a choisi quatre noms de la haute décoration (Tristan Auer, Chahan Minassian, Cyril Vergniol et Culture in Architectu­re) pour insuffler une dose de chic contempora­in dans cet univers très xviiie. Pas toujours simple de jongler avec les références historique­s, de déringardi­ser les codes, de plaire à la fois à l’Américain fortuné rêvant de Versailles et de clichés aristo et au Parisien en quête d’un cadre intime pour l’apéro.

Si Cyril Vergniol a imaginé les 81 chambres et 33 suites, Tristan Auer, connu pour avoir taillé sur mesure les intérieurs de quelques rockstars, signe le lobby mais aussi la Brasserie d’Aumont (bar en marbre et bois de rose, tabourets en cuir tressé, plafond en feuilles d’argent patiné), l’espace barbier aux influences Art déco et le salon de coiffure. De son côté, le Franco-Libanais Chahan Minassian, très prisé des grandes fortunes discrètes, a repensé L’Ecrin – le restaurant étoilé de Christophe­r Hache –, le jardin

d’hiver et le bar Les Ambassadeu­rs avec ses meubles d’esprit brutaliste adoucis sous les ors. On peut ajouter à la longue liste de ce luxe de propagande made in France les niches en plumes de paon et de corbeau du plumassier de haute couture Eric CharlesDon­atien, la collection de cocktails signature dans les flacons à parfum numérotés, les 17600 écailles d’or de la nouvelle piscine, les 22 camaïeux de bleus du spa, les 40 types de marbres différents, les deux suites à 25000 euros la nuit signées Karl Lagerfeld (dont une baptisée « Choupette », en hommage à sa célèbre chatte, avec lit Grand Siècle et tapis aux motifs « griffures » de minette)… Poilant, non ?

Finalement, tout ce faste reste relativeme­nt chaste. Rien ne fait mal aux yeux. Ni les lustres de 1902 ni les plafonds peints de ciel bleu. Encore moins le travail d’exception des 147 métiers d’art mis à contributi­on pour redorer le blason de ce vénérable Hôtel de Crillon.

 ??  ?? LA PISCINE DE L’HÔTEL. LE FOND EST RECOUVERT DE 17 600 ÉCAILLES D’OR.
LA PISCINE DE L’HÔTEL. LE FOND EST RECOUVERT DE 17 600 ÉCAILLES D’OR.
 ??  ?? VUE SUR LA PLACE DE LA CONCORDE.
VUE SUR LA PLACE DE LA CONCORDE.
 ??  ?? L’HÔTEL A ÉTÉ REDÉCORÉ DE FOND EN COMBLE.
L’HÔTEL A ÉTÉ REDÉCORÉ DE FOND EN COMBLE.
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DANS LE PATIO.

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