“JE N’AVAIS PAS ENCORE AVORTÉ…”
Ce n’est pas Simone Veil, mais Simone de Beauvoir qui m’a demandé de signer le « Manifeste des 343 ». J’avais joué plusieurs pièces de Sartre. Du coup, j’avais fait sa connaissance, on était devenues amies, on se voyait souvent. C’est elle qui m’a parlé de tout ça. Bien sûr, j’ai tout de suite été d’accord. A l’époque, « le Nouvel Obs » a prétendu que les pétitionnaires s’étaient toutes fait déjà avorter, ce n’était pas vrai. Pour ma part, je ne l’avais jamais fait encore. J’ai signé parce que je n’aurais pas hésité à le faire si nécessaire. D’ailleurs, je l’ai fait par la suite. Et c’était abominable. Une horreur. Ma prise de position ne m’a valu aucune réflexion désagréable. Qui aurait pu me faire des reproches ? Sûrement pas ma famille. Peutêtre que ma mère a lu « l’Obs » et que ça ne lui a pas plu de trouver mon nom dans la liste des signataires. Si c’est le cas, elle s’est bien gardée de m’en parler, elle évitait les sujets qui pouvaient nous fâcher. A part ça, mes amis ne pouvaient qu’être d’accord avec moi. Pas un ne m’a blâmée. A se demander si les gens ont lu la liste du début à la fin. Il fallait se les faire, les 343 signatures ! Moi-même, je ne sais pas si j’ai regardé qui avait signé. Ce que je sais, c’est qu’à la suite de l’article de « Charlie Hebdo », on nous a surnommées les 343 salopes, ce qui ne m’a pas dérangée outre mesure, ni personne de mon entourage. J’ai toujours fait preuve de je-m’en-foutisme en ce domaine.