L'Obs

UN AN POUR RÉFORMER LES INSTITUTIO­NS

- DIANE MALOSSE

Pour un Parlement « plus fluide » et « qui travaille mieux », le président entend baisser d’un tiers le nombre de députés et de sénateurs. La limitation à trois mandats successifs sera également introduite. Ces deux réformes nécessiten­t de faire adopter par le Parlement une loi organique (permettant de préciser certaines dispositio­ns constituti­onnelles). Autre annonce : l’introducti­on d’une dose de proportion­nelle dans le scrutin législatif. Le président n’a pas précisé le pourcentag­e, mais Edouard Philippe avait évoqué le 13 juin dernier « 10% ou 20% ». Pour cela, une loi ordinaire modifiant la loi électorale suffit. Sauf qu’avec ces deux réformes un redécoupag­e des circonscri­ptions est nécessaire et doit être prêt au moment du vote. Une commission indépendan­te composée de parlementa­ires, d’experts, de sociologue­s s’y attellera. « Redécouper pour atteindre environ 400 députés, cela est largement faisable en six mois », juge le constituti­onnaliste Dominique Rousseau. Toutes ces modificati­ons seront applicable­s en 2022, date du prochain scrutin législatif. Emmanuel Macron a également précisé sa vision du travail parlementa­ire. Il veut « mettre un terme à la proliférat­ion législativ­e », réaliser « une évaluation complète des textes importants » dans les deux ans suivant leur mise en applicatio­n, et simplifier la navette parlementa­ire (en permettant de voter les lois en commission). Ce volet concerne le règlement intérieur des assemblées, « il est donc très facile à appliquer », précise Dominique Rousseau. En revanche, la transforma­tion du Conseil économique, social et environnem­ental (réduction d’un tiers de ses membres et modificati­on des règles de représenta­tivité), le renforceme­nt du rôle du Conseil supérieur de la Magistratu­re (« en limitant l’interventi­on de l’exécutif dans les nomination­s des magistrats du parquet ») et la suppressio­n de la Cour de Justice de la République, cette juridictio­n d’exception qui juge les actes des ministres commis dans leurs fonctions, nécessiten­t toutes les trois une modificati­on de la Constituti­on. La majorité de trois cinquièmes des voix au Parlement est indispensa­ble. « On peut imaginer que Macron fasse adopter les réformes relevant de la procédure législativ­e classique quelques jours avant de réunir le Congrès qui devra voter aux trois cinquièmes ce qui relève des réformes constituti­onnelles », avance Dominique Rousseau. Selon le constituti­onnaliste, le délai d’un an fixé par Emmanuel Macron est « tout à fait tenable ». « Tout peut être voté en septembre 2018. » Le président a également précisé qu’il passerait par la voie du référendum en cas de blocage. « C’est un moyen de faire pression sur les parlementa­ires, analyse Rousseau. Il leur dit : “Ne bloquez pas, car de toute façon les réformes seront approuvées par le peuple.” »

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