Nice , l’autre capitale de l’art
À PROPOS DE NICE, 1947-1977, JUSQU'AU 15 OCTOBRE, MAMAC, NICE, 04-93-91-19-10. À VOIR AUSSI : NOËL DOLLA. RESTRUCTURATIONS SPATIALES, JUSQU'AU 22 OCTOBRE, GALERIE DES PONCHETTES, NICE.
Alors, une école ou pas une école ? A Nice on a longtemps réfléchi. Mais la raison a fini par l’emporter. Et cette exposition organisée par le musée d’art contemporain de la ville (le Mamac) permet de faire le point sur ce creuset artistique qui a vu le jour sur les rives de la Baie des Anges à la toute fin des années 1940. Selon la légende, ils auraient été trois (Yves Klein, Arman, le poète Claude Pascal) à s’être concertés un jour de l’été 1947 pour se partager, de manière symbolique, le monde de la création méridionale. Au cours des trois décennies qui allaient suivre, Nice – terre natale des uns, cité d’accueil pour d’autres – fut le théâtre de toutes les expérimentations, des plus élaborées jusqu’aux plus marginales ou farfelues. Les stars, on les retrouve dans ce parcours : ainsi Yves Klein , Arman, Martial Raysse (avec « Soudain l’été dernier » et son environnement « Raysse Beach »). D’autres ont connu une célébrité moindre mais ils sont là, tels Claude Gilli ou Robert Malaval. Au fil des années les courants se croisent et se décroisent entre nouveau réalisme, pop art, Fluxus, Supports/Surfaces. Les groupes sont souvent instables, rongés parfois par les rivalités. Nice n’est donc pas une école. C’est un territoire d’innovation et aussi d’expérimentation. La seconde partie de l’exposition se révèle la plus instructive : elle vient rappeler le pouvoir profondément déstabilisateur des performances et des slogans qui viennent perturber la grande machine des institutions. « L’art c’est mon cul », affirme Ben tandis que Jean Mas s’encorde pour escalader la façade du Théâtre de Nice. Non loin, à Villefranche-sur-Mer, George Brecht, Robert Filliou et quelques camarades ouvrent La Cédille qui Sourit, centre d’agitation et de diffusion artistique dont la légende est recréée ici à travers une installation mêlant oeuvres, objets et documents. Ce qui ressort de ce parcours c’est l’extraordinaire vitalité artistique dont ce territoire niçois a été le terreau. A l’époque pourtant, Paris était censé être le centre du monde. Alors qu’une poignée d’artistes – issus de générations et d’horizons différents – a réussi à secouer le cocotier pour en faire tomber les fruits d’un art insolent, voilà qui demeure rassurant. Et offre le prétexte d’une exposition stimulante.