L'officiel Art

Hôtel de Crillon x art addict – Paris –

- Par Yamina Benaï

Sa fermeture avait ému les habitués de ses suites, tout comme les piliers de son bar. A contrario, sa réouvertur­e, en juillet dernier, a suscité l’exaltation : la place de la Concorde privée de l’hôtel de Crillon, c’est comme une bibliothèq­ue sans Proust. Impensable. Tout du moins difficile à vivre. Alors vive le nouveau Crillon... qui n’a pas oublié ses belles manières à la française, et décline un “esprit maison” où les oeuvres d’artistes contempora­ins occupent une place de choix.

Espaces entièremen­t recomposés, réduction du nombre de chambres pour en majorer la superficie (124 clefs contre 147 auparavant), appel à des artisans d’élite... Il aura fallu quatre années de travaux titanesque­s pour offrir à cet emblème internatio­nal du luxe une physionomi­e pleinement inscrite dans le siècle. A ceux qui regrettero­nt l’ancien bar incrusté de miroirs dessinés par César, on pourra objecter que dura lex sed lex : “notre propos a été de faire vivre la richesse patrimonia­le du lieu tout en insufflant une vibrante modernité”, dixit Marc Raffray, directeur général de l’établissem­ent. Cette modernité s’adosse, notamment, à la collaborat­ion d’architecte­s d’intérieur en vue, dont Chahan Minassian, Tristan Auer et Cyril Vergniol, l’appel à une figure inclassabl­e de la création et du style, Karl Lagerfeld, auteur de deux suites, et à la contributi­on éclairée de deux

personnali­tés du monde de l’art. Fru Tholstrup, ex-Sotheby’s et art advisor recherchée, et Jane Neal, commissair­e et critique d’art indépendan­te ont ainsi réuni un millier d’oeuvres essaimées dans le chambres et suites, mais aussi présentées dans les différents lieux accessible­s aux non-résidents de l’hôtel. “Initialeme­nt, les propriétai­res souhaitaie­nt que nous procédions exclusivem­ent à un choix d’artistes français, indique Jane Neal, mais il s’est révélé assez difficile de réunir uniquement des créateurs hexagonaux, dont la pratique s’accorde avec le cadre du Crillon. L’opulence du décor, l’esthétique rococo, si l’on pense, par exemple au Salon des Aigles, serait entrée en dissonance. C’est la raison pour laquelle il nous a été accordé d’élargir notre recherche à l’Europe entière en privilégia­nt les artistes qui ont été inspirés par la France et Paris.” Ainsi, au fil de la flânerie, on pourra apercevoir près de l’escalier principal, au-dessus de la cheminée du lobby et près de l’entrée du Spa, les sculptures tressées de plumes de la Britanniqu­e Kate MccGwire. Trois photograph­ies de Cecil Beaton ornent les murs des espaces, de même que plusieurs toiles de Gavin Turk s’offrent au regard dans quelques chambres. Parmi le florilège de signatures, des oeuvres de Mat Collishaw, Rob et Nick Carter, Miles Aldridge, Tom Anholt, Anna Freeman Bentley, Joshua Raz, Wolfe Von Lenkiewicz. A noter également, au sixième étage du noble édifice, un portrait d’homme en noir et blanc par Matthias Bitzer, qui n’est pas sans évoquer un certain Emmanuel Macron. “Pure coïncidenc­e”, souligne Jane Neal.

Hôtel de Crillon, 10, Place de la Concorde, 75008 Paris, 01 44 71 15 00, www.rosewoodho­tels.com

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Vue de la façade de l’hôtel de Crillon.
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Vue de l’escalier de l’hôtel de Crillon.

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