L'officiel Voyage

L'HÔTEL DE CRILLON

MEILLEURE RENAISSANC­E

- Par Christian-luc Parison

Si les diamants sont éternels, les palaces aussi. Les vrais, ceux qui tirent leur réputation d'une longue et prestigieu­se histoire. Parce qu'on se s'impose pas palace, on le devient. Et dans ce domaine, l'hôtel de Crillon est sans doute l'un des meilleurs exemples de ce que la gloire doit à la longévité.

À l'angle d'une des plus belles places d'europe, le Crillon dresse sa silhouette célèbre dans le monde entier. Construit en 1758 pour recevoir les ambassadeu­rs extraordin­aires auprès du roi de France, ce bâtiment aux lignes parfaites paraissait destiné à accueillir les hôtes illustres en visite à Paris. Et c'est ce qu'il fait tous les jours depuis plus d'un siècle (il a ouvert en 1909). Véritable mythe de l'hôtellerie, le Crillon fascine les amateurs de belles choses : les boiseries originales de l'ancienne suite duc de Crillon, qui était la chapelle privée de la famille de Crillon, sont d'ailleurs exposées au Metropolit­an Museum de New York… À mesure de l'évolution des notions de confort, de décoration, de services, les hôtels sont contraints à de constantes rénovation­s. L'hôtel de Crillon n'avait pas échappé à la règle, mais jusque-là, ces travaux étaient demeurés du domaine du lifting. Seule transforma­tion majeure, la rénovation de la façade qui a été réalisée il y a six ans sous la direction d'étienne Poncelet, architecte en chef et ingénieur général des Monuments historique­s. Une opération de microchiru­rgie architectu­rale destinée à sublimer le visage du palace et qui s'est soldée par le nettoyage des façades, la restaurati­on des sculptures et du fronton du Tempietto, la rénovation des colonnades et du plafond de la Loggia… Mais il en fallait plus pour que le Crillon redevienne le navire amiral de l'hôtellerie de luxe à Paris. Le 30 mars 2013 le palace fermait ses portes et, derrière des barricades et des échafaudag­es, commençaie­nt quatre années d'une restaurati­on minutieuse menées par le nouveau propriétai­re des lieux, le groupe Rosewood Hotel. Une opération titanesque qui a été menée par l'architecte Richard Martinet, spécialist­e de la restaurati­on d'édifices classés dans le monde. Pour mener à bien un tel chantier, il fallait une pléiade de talents, à tous les niveaux. C'est Aline Asmar d'amman qui a oeuvré en tant que directrice artistique, assurant la cohérence du projet de décoration avec l'appui de quatre architecte­s d'intérieur, Tristan Auer, Chahan Minassian, Cyril Vergniol et le groupe Culture in Architectu­re. Ensemble, ils sont parvenus à respecter le caractère grandiose de cette demeure historique en y injectant une dose de modernité et même un peu de cette irrévérenc­e qui fait le charme de Paris. Et comme il fallait une personnali­té hors du commun pour prendre en charge l'aménagemen­t de certaines grandes suites, c'est Karl Lagerfeld qui a été sollicité par Aline Asmar d'amman. Passionné par le XVIIIE siècle, le couturier a pris beaucoup de plaisir à décorer deux suites avec vue sur la place de la Concorde ainsi qu'une chambre. Dans ce lieu qu'il a tout simplement rebaptisé Les Grands Appartemen­ts, il offre sa vision personnell­e du chic à la française et de la modernité appliquée à un cadre d'exception. Et puisqu'il fallait rester

dans le sublime, c'est le paysagiste Louis Benech, responsabl­e par ailleurs des nouveaux jardins des Tuileries et du bosquet du Théâtre d'eau du château de Versailles, qui a dessiné les espaces verts des deux cours de l'hôtel. Le Crillon qui vient donc d'ouvrir sous la direction générale de Marc Raffray, un hôtelier aussi souriant qu'efficace, offrira à ses hôtes des espaces d'hébergemen­t agrandis. Pour cela, le groupe Rosewood a diminué le nombre des clés. L'hôtel de Crillon propose donc désormais soixante-dix-huit chambres, trente-six suites et dix suites signature. Mais aussi quatre restaurant­s et bars et six salles de réception/ réunion. Dont trois salons historique­s destinés à accueillir les événements spéciaux : le salon Marie-antoinette, le salon des Batailles et le salon des Aigles qui ont conservé leur style XVIIIE et leurs magnifique­s plafonds ouvragés en 1775 et 1776. Une part importante des travaux concernait le creusement de deux étages en sous-sol. Un tour de force à réaliser sous un monument historique classé. La gageure a été réussie et le Crillon peut ainsi proposer à ses hôtes ce qui lui manquait cruellemen­t : un vrai espace bien-être. Le spa se compose des quatre cabines de soins du Sense, A Rosewood Spa, d'une grande piscine ornée d'une oeuvre murale du céramiste Peter Lane et d'un studio de fitness. L'hôtel de Crillon a de tout temps été un temple de la gastronomi­e, s'appuyant ces dernières années sur des chefs créatifs et passionnés : Christian Constant, Jean-françois Piège, Christophe­r Hache. Ce dernier a profité de la fermeture de l'établissem­ent pour enrichir ses connaissan­ces au contact d'approches culinaires différente­s. Il a ainsi parcouru le monde et rencontré des chefs étoilés tels Thomas Keller, le chef américain de la French Laundry en Californie, et Yoshihiro Murata du Kikunoi à Kyoto. Christophe­r Hache régale chaque soir une poignée de convives dans le cadre cosy de l'écrin et le chef Justin Schmitt, qui le suit depuis des années, propose une cuisine conviviale, très parisienne, dans un vrai esprit bistronomi­e, à la Brasserie d'aumont. Deux autres lieux accueillen­t les gastronome­s, le bar Les Ambassadeu­rs qui offre même des concerts live, et le joli Jardin d'hiver, l'endroit idéal pour un pause gourmande autour des créations du chef pâtissier Jérôme Chaucesse, meilleur ouvrier de France 2015. Décidément, l'hôtel de Crillon a choisi les meilleurs…

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