L'officiel

Moncler, l’amour de l’art —

- PAR SOPHIE ROSEMONT

Au bord du fleuve Arno, à deux pas du célèbre Ponte Vecchio, s'élève le palais Spini Feroni, fief de la maison Salvatore Ferragamo depuis les années 1930. Au rez-de-chaussée, la boutique. Au sous-sol, le musée. Les étages, eux, sont consacrés aux bureaux de la marque : entre fresques bibliques, luminaires des années 1950 et peintures du xixe, s'illustre une étonnante multitempo­ralité artistique. Sans oublier une minuscule chapelle chargée d'ors… Le musée se distingue aussi par de nombreux trésors, parmi lesquels 15 000 paires de chaussures (!), des gravures, des publicités vintage et des tableaux issus de la collection de la famille Ferragamo. On admire les formes en bois des souliers de Marilyn Monroe, Lauren Bacall ou encore Audrey Hepburn, et on croise un puits jadis utilisé par les femmes florentine­s, baptisé Béatrice en hommage au grand amour de Dante. Comme nous l'explique la directrice du musée, Stefania Ricci, “il ne s’agit pas, comme la plupart des fondations d’enseignes de mode, d’explorer l’art contempora­in, mais plutôt de décliner l’histoire personnell­e de Salvatore Ferragamo et de cultiver le lien ancestral qui le liait à Florence, sans faire une publicité simpliste de ses produits. L’exposition ‘A Palace & the City’ en témoigne.” En effet, celle-ci nous plonge dans les mésaventur­es politiques, sociales et littéraire­s d'un lieu qui fut l'hôtel de ville de Florence. Au Palais Feroni, on raconte surtout le conte de fées d'un créateur qui fit son nom à Hollywood avant de revenir au bercail, peu après le krach américain de 1929. Aujourd'hui, la griffe s'est taillé la part du lion dans l'univers du luxe. Et ce grâce à la vision hautement stratégiqu­e de Michele Norsa, CEO de Salvatore Ferragamo depuis bientôt dix ans. “Nous avons repensé les boutiques, élargi les horizons, notamment auprès du marché asiatique, retravaill­é nos campagnes, fait de nos défilés des événements au musée du Louvre ou dans les temples de Kyoto, et nous sommes revenus à des couleurs plus vives… Mais sans rupture radicale avec l’esprit de la maison.” Un esprit qui se retrouve dans les chaussures, les ceintures et les sacs, et un prêt-à-porter se nourrissan­t du savoir-faire made in Italy. Le tout sans être ostentatoi­re. Michele Norsa insiste : Ferragamo ne se disperse pas dans de multiples licences et évite la surenchère de logos. Son élégance et son authentici­té se nourrissen­t d'un attachemen­t viscéral à Florence, que la maison va à nouveau prouver en participan­t à la réouvertur­e prochaine de huit salles du légendaire musée des Offices.

L’exposition “A Palace & the City”, jusqu’au 3 avril à Florence, confirme le lien indéfectib­le du chausseur des stars à sa Toscane

natale et à l’ histoire du glamour hollywoodi­en.

Diplômé en 1971 de la prestigieu­se université catholique de Milan, ce businessma­n averti et polyglotte a un long parcours derrière lui : Rizzoli, Benetton, Mondadori ou encore Valentino. Son arrivée en 2006 à la tête de Salvatore

Ferragamo a marqué un véritable retour aux sources du chic pour la maison italienne.

Ce qui lui vaut aujourd’hui d’atteindre une cible plus jeune et, contre toute attente, de faire partie des trois marques de luxe préférées des Français ! “J’avais une idée du potentiel immense de la marque, mais les résultats dépassent mes espérances”, avoue-t-il avec modestie. Le meilleur reste sans doute à venir.

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 ??  ?? 1. SALVATORE FERRAGAMO AVEC AUDREY HEPBURN (1954).
2. FIAMMA FERRAGAMO ET SES CRÉATIONS (1967). 3. L’ATELIER (1937). 4. SANDALE EN CHEVREAU ET TALON EN LAITON (1930) ET SOULIER EN SATIN REBRODÉ DE PERLES (1963). 5. UNE VUE DU MUSÉE. PAGE DE DROITE...
1. SALVATORE FERRAGAMO AVEC AUDREY HEPBURN (1954). 2. FIAMMA FERRAGAMO ET SES CRÉATIONS (1967). 3. L’ATELIER (1937). 4. SANDALE EN CHEVREAU ET TALON EN LAITON (1930) ET SOULIER EN SATIN REBRODÉ DE PERLES (1963). 5. UNE VUE DU MUSÉE. PAGE DE DROITE...

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