LA VICTOIRE DE WINNIE
Des réseaux sociaux aux podiums, Winnie Harlow poursuit sa mission : démontrer que “la beauté est partout”. Récit de l’ascension phénoménale
d’un mannequin dont le handicap est devenu une force…
Chemise brodée de paillettes, DIESEL.
Chemise brodée de paillettes, DIESEL.
Robe salopette en coton imprimé camouflage,
DIESEL.
Blouson biker sans manches en cuir, DIESEL. Pendentif en corne, SHANNON
KOSZYK.
La recherche du corps idéal, l'obsession esthétique et chirurgicale… Nous sommes entourés par des femmes et des hommes qui ne reconnaissent leur beauté que lorsqu'elle est représentée. La télé, internet, les magazines et les journaux proposent tous une seule et unique réponse: les mêmes courbes parfaites, les mêmes trucages Photoshop. Puis un soir de l'été 2014, sur le plateau de America's Next Top Model, Winnie Harlow fait son apparition. Le premier mannequin au monde atteint de vitiligo, maladie auto-immune qui provoque une dépigmentation de la peau. En la voyant, Tyra Banks s'exclame : “Je n'ai jamais vu une peau pareille auparavant. Tes taches sont symétriques, elles sont absolument ravissantes!” Winnie répond à ce compliment par un grand sourire accompagné d'un geste des bras aussi gracieux qu'un plié de danseuse étoile… Un an plus tard, Winnie conquiert déjà le public et les professionnels : elle est l'égérie de Desigual et de Diesel, Eminem la choisit pour la vidéo de Guts Over Fear, les magazines et les journaux relatent son histoire et plus de 800 000 personnes la suivent sur Instagram. “Je n'ai pas changé d'avis sur la mode seulement parce que je fais partie de cet univers. Il ne suffit pas qu'un magazine l'affirme pour que quelque chose soit beau…”, estime Winnie Harlow. Là-dessus, elle a les idées très claires : “La beauté est dans les yeux de celui qui regarde.” Cette notion a été introduite au xviiie siècle par le philosophe écossais David Hume, persuadé qu'il était que la beauté, indépendante de toute rationalité, n'était qu'une question de goût. Ainsi, toute forme de préjugé serait à bannir. Pourtant, depuis l'enfance, Winnie a eu fort à faire pour persuader ses camarades de classe que les couleurs de sa peau n'étaient pas le résultat de l'union de deux parents d'origines différentes. Winnie, née Chantelle Brown-young, a été élevée par une mère célibataire, coiffeuse dans un salon de Toronto; les difficultés qu'elles eurent à endurer, tels que les changements continuels d'école et la tentative de couvrir les taches de Winnie par le maquillage, n'ont fait que raffermir leur lien. Jusqu'au jour où une journaliste fit la rencontre de Winnie, alors âgée de 16 ans, et décida de raconter son histoire sur Youtube. La vidéo totalisa 150000 vues. Malgré l'attention que les médias réservaient à Winnie, aucune agence de mode ne lui ouvrit ses portes; elle devint alors son propre agent et continua à utiliser les réseaux sociaux pour encourager les jeunes à accepter leur singularité. Aujourd'hui, à 21 ans, elle raconte son parcours avec tout le naturel de quelqu'un qui n'a plus rien à craindre. “J'ai compris que ma maladie devait devenir ma force.” Les marques d'estime n'ont pas tardé à se manifester, sous forme de prix et de participations à des débats publics où Winnie témoigne que “la beauté est partout.” “Au fond du miroir, je vois une jeune fille ambitieuse, les pieds bien sur terre, ouverte à l'avis des autres mais capable aussi de s'amuser. Je veux accomplir au mieux mon travail et être en mesure de prendre soin de moi-même et des personnes que j'aime”, confie-t-elle dans un sourire dont personne n'est à l'abri. C'est bien là la véritable force de Winnie : outre son talent de mannequin, ce qui la caractérise est l'énergie qui rayonne de son sourire, son ouverture au monde et sa délicatesse vis-à-vis des autres. Winnie Harlow ne revendique pas seulement le droit de tout un chacun de se sentir aimé et apprécié. Elle crie haut et fort le secret du vrai bonheur : l'accomplissement de ses rêves. “Nul n'a le droit d'imposer à qui que ce soit ce qu'il peut faire ou pas… Regardez-moi, je suis mannequin !”
Chemise brodée de paillettes, DIESEL.
Modèle : Winnie Harlow chez D’management
Maquillage : Marla Belt pour Bobbi Brown Coiffure :
Shon Manucure : Gina Edwards
pour Nars Assistants photo : Enrico Brunetti et Kim Reenberg Opérateur digital :
Kevin Kunstadt Assistants stylisme : Nic Fuentes, Ian Milan, Derek Murdock
et Savage