Cartier L’HYMNE À L’AMOUR
Les DIAMANTS offerts par Richard Burton à Liz Taylor, les joyaux imaginés par le duc de Windsor pour Wallis Simpson… Mythiques et éternels comme les PASSIONS qu’ils évoquent, les plus beaux bijoux de Cartier s’exposent au Grand Palais. Fascinant voyage da
J JUSQU’AU 16 FÉVRIER 2014, LE GRAND PALAIS ACCUEILLE « Cartier, le style et l’histoire » , une immense exposition avec quelque 600 bijoux, de 1847, année de la fondation de la maison, jusqu’à la fin des années 1970. « L’exposition n’aborde pas l’aspect technique de la joaillerie, explique Laure Dalon, commissaire avec Laurent Salomé. Nous répondons à des questions comme : qui a porté ces bijoux ? À quoi ont- ils servi ? Pourquoi ont- ils été créés ? Nous présentons les sources d’inspiration et créons des liens entre les pièces pour décrypter les choix stylistiques de la maison. » Cet axe explique donc l’abondance des documents présentés : des centaines d’invitations, des cahiers d’idées, des registres de stocks, des robes, etc. Parmi ces documents, il en est un que l’on découvre pour la première fois : la vidéo amateur où le producteur Mike Todd est en train d’offrir une parure en diamants et rubis à Elizabeth Taylor, qui fut son épouse (photo ci-contre). C’est un moment exceptionnel : on est en 1957, le couple loue pour l’été La Fiorentina, une villa située près de Saint- Jean- Cap- Ferrat. L’actrice, émue et radieuse sous le soleil méditerranéen, ouvre les trois écrins rouges contenant un collier, un bracelet et des boucles d’oreilles. « Il n’y avait pas de miroir, j’ai admiré les bijoux qui créaient des ondulations rouges sur le fond bleu de la piscine, écrit l ’ actrice dans s on l i vre “My Love Affair With Jewelry”. J’ai hurlé de joie, je l’ai poussé dans la piscine, où je l’ai rejoint. C’était un jour d’été parfait, un jour d’amour parfait. » Ces bijoux témoignant d’un amour, ces bijoux sentimentaux qui rappellent un être cher ou un moment privilégié font battre le coeur des collectionneurs lors des ventes aux enchères. Ils sont de véritables madeleines de Proust qui pulvérisent des records. Ainsi, le collier offert par Mike à Elizabeth, estimé entre 200 000 et 300 000 dollars par Christie’s en 2011, a été vendu 3 778 500 dollars. CETTE PARUREN’ EST QUE L’UNE DES INNOMBRABLES MERVEILLES signées Cartier qui furent déposées aux pieds de l’actrice. L’exposition présente un autre document exceptionnel : le dessin préparatoire du bijou imaginé pour la perle mythique, la Peregrina, que lui avait offerte Richard Burton, annoté de la main même d’Elizabeth Taylor. Pour elle, ce fils de mineur devenu son cinquième mari a multiplié les folies et dépensé des millions de dollars… Chez Cartier encore, il lui offre le pendentif légendaire en forme de coeur, porté par celle qui inspira la construction du Taj Mahal. Ultime geste d’amour, sans doute le plus flamboyant d’entre tous : le rachat à la maison du diamant poire de 69 carats que Cartier vient de lui rafler aux enchères. Il le fait monter en collier, et le diamant prend alors le nom du couple mythique : Taylor-Burton. Quand on aime, on ne compte pas, mais, comme on peut le lire dans ses Mémoires, « The Richard Burt on Diaries » , l e comédien avait parfaitement
conscience que ces bijoux étaient un moyen de créer l’événement autour de son couple lorsque ce dernier n’avait pas d’actualités cinématographiques. L’EXPOSITION PRÉSENTE ÉGALEMENT QUELQUES BIJOUX SOMPTUEUX commandés par l e duc de Windsor pour Wallis Simpson, cette Américaine deux fois divorcée et pour laquelle il a abdiqué le trône d’Angleterre. On découvre deux pièces majeures : la broche Flamant Rose et le collier Draperie en améthystes et turquoises, qui ont une valeur inestimable. Exemples incroyables du génie créatif de Cartier, ils n’ont pas été simplement choisis en un clin d’oeil dans une vitrine, mais longuement imaginés et fantasmés. Le duc de Windsor a passé des heures avec la directrice artistique, Jeanne Toussaint, dans son bureau rue de la Paix, pour élaborer le dessin et assortir les pierres qu’il fournit souvent lui-même. « Ces bijoux lancent aussi des modes, explique Pierre Rainero, directeur du patrimoine et du style. À l’instar de la broche Panthère de 1949, ornée d’un saphir cabochon de 90 carats, qui est la première représentation figurative du félin. Elle connaît alors un succès énorme, car elle correspond aux aspirations des femmes modernes qui commencent à prendre le pouvoir à un tournant économique et social. » À côté de ces pièces éblouissantes, l ’ exposition dévoile aussi des témoignages d’amour moins spectaculaires mais infiniment touchants… Comme ces clips représentant les carlins si chers à la duchesse de Windsor et qui l’accompagnent partout. Ou celui que porte Grace Kelly à la naissance d’Albert figurant une poule en nacre avec une crête de corail, couvant trois oeufs en perles. Tous ces bijoux recèlent des secrets, des messages codés et des symboles qui ne sont connus que de quelques rares personnes le plus souvent. Comme la broche imaginée par Jacques Cartier en 1933 pour sa femme, Nelly. Seule