Madame Figaro

Pierre Lemaitre.

LE LAURÉAT DU GONCOURT POUR “AU REVOIR LÀ-HAUT” * S’EST RETROUVÉ SOUS LES FEUX DES PROJECTEUR­S À LA FOIRE DU LIVRE DE BRIVE. PASSÉ À L’ÉCRITURE SUR LE TARD, LE DISCRET ROMANCIER SE CONFIE.

- * Éditions Albin Michel.

Le principal trait de votre caractère ? Généreux et travailleu­r… Et celui dont vous êtes le moins fier ? Rancunier. Je dois faire des efforts démesurés pour juguler ce penchant naturel. Celui que vous détestez chez les autres ? L’avarice dans sa globalité. Que changeriez-vous chez vous si vous le pouviez ? Je voudrais bien changer de sexe et vivre quelques heures dans la peau d’une femme. Et dans votre famille ? Ressuscite­r mes parents, là en ce moment, avec ce prix Goncourt dont ils seraient si fiers. Votre truc contre le stress ? Le sang-froid, mon anxiolytiq­ue naturel. Ce que vous avez réussi de mieux dans votre vie ? Mes enfants : Victor (23 ans), musicien à Londres, un garçon bien construit, et Suzanne (3 ans et demi). Votre héros ? Nelson Mandela. Ce qui vous a le plus étonné lorsque vous avez reçu le prix Goncourt ? J’étais « reine d’un jour » ! La bienveilla­nce de ces grands personnage­s qui m’ont attribué le prix. Et leur patience à attendre que cessent les crépitemen­ts et les cris des photograph­es. Les trois basiques de votre dressing ? Un tee-shirt noir de belle qualité, un pantalon noir et des souliers noirs. Qu’est-ce que la crise a changé chez vous ? Mon appétit de justice s’est aiguisé, et ma mauvaise conscience de faire partie des privilégié­s s’est accrue. Lecasting d’un dîner idéal chezvous? Marcel Proust et Pierre Scipion – mon éditeur –, un grand proustien. Le cadeau que vous offrez souvent ? En ce moment, un livre : « Confiteor », de Jaume Cabré. Pour vous, le comble du luxe, c’est ? Déguster un whisky hors d’âge. Votre livre de chevet? « Àla recherche du temps perdu », de Marcel Proust. Chacun peut s’y reconnaîtr­e au plus intime. Une modequi vous agace? Les pantalons sans ceinture, car ceux qui les portent ne savent mêmepas ce que cela signifie. (NDLR : les rappeurs américains ont adopté cette mode en solidarité avec les prisonnier­s dépouillés de leur ceinture.) Un objet indispensa­ble? Sans lunettes, je ne peux rien faire. La musique que vous écoutiez en écrivant « Au revoir là-haut » ? Celle du silence. Votre plus grande extravagan­ce? Commencer à écrire à 56 ans, et ensuite sortir du polar. Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis? La fidélité. Un endroit qui vous ressemble? La crête des Pyrénées, où je marche inlassable­ment. Votre mot favori ? « Bienvenu(e) ». La phrase qui vous déstabilis­e ? « Quel genre d’écrivain êtes-vous ? » Que détestez-vous par-dessus tout ? Moi… les jours où je me déteste. Qu’aimez-vous que l’on dise de vous ? « C’est un homme honnête. » Votre madeleine de Proust ? L’oeuvre de Marcel Proust elle-même, qui me fait replonger dans les tréfonds de mon être.

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