Madame Figaro

TOP EN PLEINE RÉVOLUTION À BIENTÔT 30 ANS, LA WONDER GIRL TCHÈQUE COACHE DES APPRENTIES MANNEQUINS DANS L’ÉMISSION “THE FACE”. L’ICÔNE SLAVE DES PODIUMS RÊVE AUJOURD’HUI DE CINÉMA ET SUBLIME POUR NOUS UN DRESSING ULTRA-GLAM.

- PAR MARIE ADAM PHOTOS MARCUS MAM RÉALISATIO­N CÉCILE MARTIN

LE ROUGE ET LE BLEU

MANTEAU EN RENARD MULTICOLOR­E ET MANCHETTE FLEURS, ROBERTO CAVALLI, SOUTIEN-GORGE EN DENTELLE,

CALVIN KLEIN UNDERWEAR. BAGUE HAUTE JOAILLERIE, MOTIF FLEUR, EN TITANE ET DIAMANTS, CHOPARD.

IIl n’y a pas si longtemps, elle a eu comme une révélation. « J’ai réalisé que j’avais déjà passé la moitié de ma vie à jouer les top-modèles. Je n’ai pas vu le temps filer ! » À bientôt 30 ans, Karolína Kurková a posé pour tous les photograph­es prestigieu­x, travaillé avec les plus grands créateurs de mode et parcouru le monde entier. « Petite, je voulais exercer un métier qui me permettrai­t de voyager, hôtesse de l’air ou archéologu­e, mais jamais je n’aurais imaginé une carrière dans la mode. Comme votre Amélie Poulain, je peux dire que j’ai un fabuleux destin ! » En quinze ans de shootings et de podiums, celle qu’on surnommait « la Fusée » est l’une des rares mannequins, avec Natalia Vodianova, Miranda Kerr ou Gisele Bündchen, à être devenue aussi iconique que ses aînées Naomi Campbell et Claudia Schiffer.

la revanche d’une blonde

Tout en sirotant un verre de vin rouge, lovée dans un fauteuil en léopard sur le yacht de son grand ami Roberto Cavalli, où nous l’avons rencontrée, Karolína Kurková se souvient avec amusement que les choses n’étaient pourtant pas gagnées. Quand elle se retrouve adolescent­e devant les objectifs pour ses premières photos, la jeune Tchécoslov­aque se sent très mal à l’aise. « J’étais incapable de sourire ! Je n’arrivais pas à laisser s’exprimer ce corps dont j’avais toujours eu honte. » Avec son mètre quatreving­ts et ses jambes interminab­les, Karolína Kurková se sent différente de ses camarades de classe. « J’attirais l’attention, mais pas pour les bonnes raisons ! Les enfants peuvent être cruels… » L’adolescent­e garde pourtant la tête haute : les réflexions la blessent, mais ne la mettent pas à terre. Elle le reconnaît : devenir top-modèle a été une façon de prendre sa revanche. Mais plus encore, ce fut une libération. « Quand je me suis vue à 16 ans en couverture du magazine “Vogue”, je me suis trouvée belle. C’était la première fois. Le métier de mannequin m’a permis d’être moi-même. » Encouragée par ses parents, qui voient une occasion inespérée pour leur fille de vivre une liberté qu’ils n’ont pas eue dans une Tchécoslov­aquie communiste, Karolína Kurková est vite intronisée futur supermodèl­e par Anna Wintour. Elle fait la couverture de plus de quarante éditions internatio­nales du magazine “Vogue”, défile pour Yves Saint Laurent et Chanel, apparaît dans les campagnes de Valentino, Louis Vuitton, John Galliano, Dior, Versace ou Armani. Avant de devenir un Ange de Victoria’s Secret. « Une fois lancée, cela m’a semblé très naturel d’être devant un objectif. Je comprenais tout d’instinct : la lumière, la façon de bouger, les vêtements. » En 2007, elle est en huitième position des mannequins les mieux payées selon le magazine “Forbes”, et l’année suivante, elle est élue femme la plus sexy du monde par E ! Entertainm­ent Television, chaîne de TV américaine, devant Angelina Jolie, Scarlett Johansson et Gisele Bündchen. « J’ai eu la chance de travailler avec des créateurs très différents et ainsi de ne pas avoir un seul look. Je m’amuse avec mes émotions, comme si j’interpréta­is des rôles différents. »

un mentor en or

Karolína Kurková se voit bien faire l’actrice. On a pu la voir au cinéma dans « G.I. Joe : le réveil du cobra » et dans les séries télé « 30 Rock » et « Person of Interest ». Surtout, elle a été l’une des animatrice­s du reality-show « The Face », aux côtés des tops Naomi Campbell et Coco Rocha. « On me propose beaucoup d’émissions, mais pas question de sacrifier ma vie de famille ou l’éducation de mon fils Tobin. Alors je n’accepte que si je peux être utile. » Elle a pris plaisir à transmettr­e son expérience à des jeunes filles ambitionna­nt de devenir mannequins. Peut-être parce qu’elle aurait bien aimé avoir un mentor. À défaut, elle s’est inspirée des gens qu’elle a rencontrés. « Cela m’a permis de créer mon propre style. » Elle aimerait l’exprimer aujourd’hui dans une ligne de vêtements. « Je cherche encore les bonnes personnes avec lesquelles collaborer. Je ne cherche pas à être riche et célèbre, juste à bien faire les choses. J’ai une vie merveilleu­se et je ne veux pas la gâcher. »

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