FORCES VIVES
par Emanuele Scorcelletti Le 11 janvier, le photographe est descendu dans la rue. Italien, Parisien d’adoption, ami de Wolinski, il a saisi avec ÉMOTION des instants HISTORIQUES lors de cette manifestation capitale. Zoom sur des femmes en marche.
« NOUS SOMMES UN PEUPLE. Voici l’esprit de la marche du 11 janvier dernier. Comme photographe, comme citoyen, comme ami aussi, je me devais d’être là. Je connaissais Georges Wolinski, nous avions travaillé ensemble. C’était un homme extraordinaire, chaleureux, drôle, attentionné qui savait rire de lui-même. Sa mort, comme celle des autres victimes de cette tragédie, m’a profondément affectée. Je garde précieusement un dessin qu’il m’avait dédié : une jolie nana en déshabillé sexy qui s’effeuille et lance “Alors, tu la tires la photo, Emanuele ?”. Wolinski, c’était la vie même. C’est ça que nous avons tous voulu célébrer le 11 janvier. Avec mon Leica, ce jour-là, j’ai voulu saisir ce que Henri Cartier-Bresson, le maître, appelle “l’instant décisif”. Ce moment magique où l’émotion surgit. Dans le gigantisme de cette France multiple, unie contre la barbarie, plusieurs femmes croisées ont attiré mon attention. Je les ai trouvées belles, touchantes, fortes. Dans leur regard il y avait du chagrin mais aussi de la fougue, du défi, de l’espoir. Je n’ai jamais ressenti une telle énergie, un tel élan vital que ce jour-là et si j’ai pris ces photos, c’est avant tout pour ne pas oublier ce moment. Je me définis, je crois, comme un humaniste attaché à la sensibilité et à l’émotion. L’unité, la vie dans tout son éclat, c’est notre première réponse à la terreur. »
Emanuele Scorcelletti, qui collabore régulièrement à « Madame Figaro », prépare une exposition pour le Festival Photo La Gacilly, du 5 juin au 2 novembre.
DANS LEUR REGARD, DU CHAGRIN MAIS AUSSI DE LA FOUGUE,
DU DÉFI, DE L’ESPOIR…
L’UNITÉ, LA VIE DANS TOUT SON ÉCLAT, C’EST NOTRE PREMIÈRE RÉPONSE À LA TERREUR