Madame Figaro

PRIX LVMH,

Pour la deuxième année, le orchestré par la directrice générale adjointe de Louis Vuitton, récompense­ra, en mai, un CRÉATEUR de mode. À l’occasion de la présentati­on des collection­s des demi-finalistes, la fondatrice de ce concours révèle sa philosophi­e e

- PAR MORGANE MIEL PHOTO FRANCO TETTAMANTI

QUELQUE CHOSE CHANGÉ EN ELLE. DANS L’ALLURE, LE REGARD. Peut- être est- ce le fait d’avoir été nommée en 2013 directrice générale adjointe de Louis Vuitton, le navire amiral du groupe LVMH (qui réalise plus de la moitié des bénéfices du groupe) ? Ou, plus prosaïquem­ent, est-ce cette robe électrique signée Nicolas Ghesquière, le designer de la marque, qui lui donne un côté plus rock ? La jeune femme, assise ce jour-là sur une banquette années 1950, semble en tout cas à des années- lumière du look tailleur-pantalon qu’elle affectionn­ait jusqu’ici. En deux ans, Delphine Arnault a donné le jour à deux bébés. Elisa, d’abord, deux ans et demi, sa petite fille dont elle refuse de parler mais dont la simple évocation allume dans son regard une étincelle qui ne trompe pas. Le prix LVMH, ensuite, créé en 2014 et dont la seconde édition regroupe une fois encore vingt-six demi-finalistes et un jury de créateurs hors pair, avant l’élection d’un lauréat en mai. Ce jour-là, les experts choisis avec soin, et en charge d’identifier les finalistes, déambulent dans le showroom immaculé installé pour l’occasion au rez-de-chaussée du siège de LVMH, avenue Montaigne, à Paris. Patrick Demarcheli­er, Natalia Vodianova, Laure Hériard Dubreuil, Suzy Menkes…, le name-dropping est à son comble. Dans l’air, le bourdonnem­ent d’un drone- caméra censé restituer tout cela en vidéo et en ligne, avec un peu de hauteur. 19 h 15 : Kanye West arrive, provoquant sur son passage une hystérie mal contenue. Il croise Bernard Arnault – mélange des genres. Mode, high-tech, rap : la scène ressembler­ait presque à une vie sur Instagram. Une vie moderne et cosmopolit­e dans laquelle Delphine Arnault semble avoir définitive­ment pris pied. En langage psychanaly­tique, cela s’appellerai­t une petite révolution. La jeune femme s’est personnell­ement impliquée dans l’organisati­on de ce prix, qu’elle a voulu, conçu de toutes pièces, dans un but précis : repérer les nouveaux talents de la mode et aider les designers à développer des marques pérennes en les familiaris­ant avec les codes du business. Bien consciente que la réussite, aujourd’hui, ne s’entend plus sans partage.

comme artiste

Quand la mode est partout, à commencer dans la rue, et que tout le monde ou presque (même les plus bad boys des rappeurs) rêve de devenir designer, comment distingue-t-on un futur « grand » ? « Détecter un talent prend du temps, reconnaît Delphine Arnault. Parmi les vingt-six finalistes du prix, certains étaient présents l’an dernier, comme Jacquemus, Craig Green ou Marques Almeida. Il faut parfois suivre l’évolution

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