Madame Figaro

DES RÔLES À FLEUR DE PEAU: “J’AIME PRENDRE DES RISQUES”

- « Still Alice », de Richard Glatzer et Wash Westmorela­nd, en salles actuelleme­nt.

confidente. « Charlize, c’est simple, elle est l a perfection. Quand elle débarque dans une pièce, vous ne voyez qu’elle. » Et, bien sûr, Juliette Binoche. « J’avais les jambes en coton la première fois que je l’ai vue. Elle a cette capacité que je redoute : vous déshabille­r et découvrir en vous exactement ce que vous n’avez pas envie qu’elle voie. » À venir, cinq films, dont un projet avec Woody Allen , et surtout, dit-elle, « de longues vacances ».

UN PHÉNOMÈNE GÉNÉRATION­NEL

Avec de telles partenaire­s, la jeune femme a très vite appris. « Je n’avais pas le choix. Je les ai observées. Sur un tournage, Juliette travaille ses rôles sans arrêt, lit, discute, analyse, compare. J ulianne Moore est davantage dans l’introspect­ion. Et moi, au milieu de tout ça, j’essayais de m’alléger, d’enlever peu à peu des épaisseurs qui m’engonçaien­t pour aller au coeur du sujet et trouver le moyen d’être rigoureuse sans perdre ma spontanéit­é. » Kristen Stewart est un roc. Elle ressemble à son personnage de Bella Swan dans « Twilight » : robuste, guerrière, prête à affronter des monstres trois fois pl us g r o s qu’ e l l e . Aj o ut o ns à c e t t e pr é s e nce immédiate la puissance critique d’une jeune femme qui se donne le droit, du haut de ses 24 ans, d’affirmer des choses, à commencer par ses doutes et ses contradict­ions : « Si j’ai aimé “Sils Maria”, c’est parce que j’aime les films qui parlent du cinéma. Et j’ai aimé la façon dont Olivier Assayas a mis en évidence le côté ridicule de ces actrices tellement narcissiqu­es. J’adore mon métier. Je serais prête à mourir pour lui. J’ai toujours voulu être comédienne, mais ce n’est pas non plus la peine d’en faire toute une histoire… Ce que je veux dire, c’est qu’il faut le faire pour soi, pas pour les autres. Aujourd’hui, la célébrité est considérée comme plus sexy que le bonheur. Ça n’a pas de sens, n’est-ce pas ? » À l’école, on l’appelait « le Mur ». Elle était silencieus­e, souffrait d’hyperactiv­ité et de troubles de l’attention. La petite fille ne s’intégrait pas. À 1 3 ans, ell e quitte l ’ école, s uit des cours par correspond­ance et s’adonne à la cuisine. « Si je n’étais p a s d e v e n u e c o médienne, j ’ a u r a i s é t é u n e championne aux fourneaux », dit-elle. Il y avait peu de chances que cela arrive. Le cinéma la happe au berceau. Sa mère est scripte, et son père régisseur. Lorsque Kristen dit à ses parents qu’elle veut devenir comédienne, s a mère l a met en garde : « J e l es connais, ces gamins qui font du cinéma. Ils finissent par devenir fous… » « Mais moi, je ne suis pas devenue folle », précise Kristen. Elle avait pourtant tout pour le devenir. À la sortie du premier « Twilight » , elle a 18 ans et devient en un instant presque aussi connue que les Beatles. Un phénomène génération­nel. Sa vie est passée au tamis. Son boyfriend s’appelle Robert Pattinson. Ses fans se comptent par millions. Pas un tweet qui ne parle de ses amours. « C’était stupéfiant, se souvient- elle. Depuis, je me méfie de la technologi­e… » Alors ? Plus rien ne filtre sur sa vie privée. Les tabloïds prétendent qu’elle vit avec sa meilleure amie. C’est sans importance. À la question « Qui est aujourd’hui votre lover ? » la réponse est mécanique : « Pas de commentair­es. »

LE SUPERSEXY, C’EST RINGARD...

Elle se réfugie dans des films qu’elle choisit avec soin. Toujours des rôles à fleur de peau qui mettent en valeur sa noirceur rimbaldien­ne. « J’aime prendre des risques », dit-elle. Jouer dans un film français en était- i l un ? « Pas vraiment. C’était un pari très contrôlé. Et puis j’aime le cinéma français, parce qu’il laisse la part belle à l’imaginatio­n, à la spontanéit­é, à l’audace. En France, quand vous commencez un film, vous ne vous demandez pas s’il va marcher avant même de l’avoir terminé. Le film est porté par un désir plus fort que la logique économique. J’aime cette attitude qui consiste à accepter une part d’imprévu et de poésie et que vous retrouvez souvent dans l e monde de la mode. C’est pour cela que j’aime et que je r e s pecte t a nt Karl Lagerfeld. Ce n’ e s t pas un idéologue de la mode, mais un visionnair­e sensible. Il a fait de Chanel une maison rock et il pense, comme moi, que l e s upersexy est r i ngard. Nous nous entendons t r ès bien… » Sans même l e vouloir, l’ultramoder­ne Kristen Stewart est devenue une bête de mode. Cela aussi s’est fait tout naturellem­ent.

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