LES 7 INFOS/de la semaine.
Un mariage dans un décor de conte de fées à Disneyland, une jeune oligarque russe arborant fièrement « I am Luxury » sur son pull, un concours de beauté avec des enfants aux allures d’adultes, « Generation Wealth » dresse, sous sa couverture dorée, le portrait tragi-comique d’une société obsédée par l’argent, le culte de la célébrité, la quête du superficiel et le jeunisme à tout prix. Sensibilisée très tôt aux différences de classe par son histoire familiale, Lauren Greenfield commence la photographie au début des années 1990 en portant son regard sur la jeunesse de Los Angeles, biberonnée aux marques de luxe et aux émissions de télévision à la sauce MTV. Riche ou aspirant à l’être, elle s’amuse en limousine, brûle la vie par les deux bouts dans des suites impériales, et est érigée en star par des parents eux-mêmes indifférents dans leur Jacuzzi.
Fruit d’un travail rétrospectif brossant trois décennies de recherche, cette monographie protéiforme est un récit hilarant et terrifiant de ce que la photographe et réalisatrice américaine appelle « the influence of affluence ». À travers 650 photographies et 150 « auto-interviews », elle montre à quel point la fortune et l’opulence sont perçues par toute une partie de la population américaine et internationale (Chine, Brésil, Russie) comme une force vitale sur le chemin de l’accomplissement personnel. Le bling est devenu une valeur suprême, tant dans sa représentation la plus caricaturale que dans ses balbutiements fictifs, palliant, à certains égards, la faillite de l’ascenseur social.