CANNES Le roman du Festival
DANS UN ÉCRIN BLEU NUIT AU PELLICULAGE « SOFT TOUCH » – habituellement réservé aux cosmétiques de luxe – brillent les pépites qui firent du Festival de Cannes le plus grand festival de cinéma au monde. Soixante-dix chroniques, une par an, pour soixante-dix années, dont on apprendra, entre autres, qu’elles ne furent pas toujours consécutives et que le Festival connut des « trous ». Soixante-dix impressions de journalistes plus ou moins enthousiastes, fatigués, voire ronchons
– à quoi bon aller chercher le soleil sur la Côte pour passer douze heures par jour dans une salle obscure ? Le Festival vu de l’intérieur, donc, par ses observateurs les plus fidèles – les plus critiques aussi, puisque « at the end of the day », comme disent les Anglais, il faut rendre son papier. Du premier Festival qui n’eut jamais lieu
– il a eu le malheur de tomber en 1939- raconté par Danièle Heymann (qui n’y était pas !) à l’invention de la Nouvelle Vague sous la plume alerte de Jean-Michel Frodon. En 1980, « le palais des Festivals n’était pas encore le bunker », pour Pierre Vavasseur, qui se fait un plaisir de croiser les stars en toute simplicité. On se souvient des polémiques, des poings levés – celui de Maurice Pialat –, des maîtres, des chefs-d’oeuvre, des génies – et des loupés aussi – qui se côtoient. On ouvre le bal avec la déclaration d’amour au cinéma de Pierre Lescure et de Thierry Frémaux, et on le clôt avec un générique de fin sous forme d’abécédaire réjouissant. Chacun sa patte, chacun sa plume, chacun ses souvenirs, et par-dessus tout… chacun son cinéma ! V. G.