CANNES, L’OSCAR ET MOI
« MADAME FIGARO ». – Vous souvenez-vous de votre premier Festival de Cannes ?
MARION COTILLARD. C’était il y a longtemps, je faisais partie d’une opération lancée par Canal+ qui s’appelait « Les Dix de Canal ». Il y avait eu un grand casting pour nous sélectionner, Audrey Tautou en faisait également partie. J’étais très impressionnée, à l’époque j’étais encore très mal dans ma peau, même si j’essayais de surmonter ce malaise. Quelques années plus tard, il y a eu « Midnight in Paris » en sélection, mais j’étais absente car j’accouchais de mon fils, Marcel, qui est un enfant de mai. Ma première sélection en ma présence reste donc « De rouille et d’os », le film de Jacques Audiard.
Cannes ne vous a pas vraiment porté chance. En dépit de prestations remarquables dans « De rouille et d’os »,
« The Immigrant », « Deux jours, une nuit » ou « Mal de pierres », vous n’avez pas obtenu le prix d’Interprétation…
C’est une grande chance d’être à Cannes avec un film. Je n’y suis jamais allée pour la compétition. J’ai d’ailleurs un rapport très ambigu avec les prix. D’un côté, je trouve que cela n’a aucun sens, d’un autre, j’y participe pleinement. Mais il n’y a jamais de déception si je ne reçois pas une récompense. Je sais aujourd’hui que le besoin de reconnaissance est un état quasi pathologique : on ne s’en débarrasse pas en recevant des prix.
Rétrospectivement, que ressentez-vous en vous remémorant ce soir de février 2008 à Hollywood où vous avez obtenu un oscar pour « la Môme »?
Je ne pensais pas que cela soit possible et je n’attendais rien. J’ai fait une campagne avec plaisir, j’étais émerveillée de tout. L’obtenir finalement a été une surprise, et une joie bien sûr.