Madame Figaro

Qu’est-ce qui fait COURIR LES FEMMES ?

- par Martine Segalen * www.sporsora.com

L’engouement pour la course à pied, appelée de nos jours « running », ne se dément pas, et les femmes sont de plus en plus nombreuses à courir, seules ou en groupe, et à participer aux courses de longue distance. Lorsque les « flower children » se sont élancés hors des stades à la fin des années 1970, dans un élan quasi mystique, recherchan­t dans les forêts un retour à la nature, les femmes ont emboîté le pas, mais elles étaient encore en minorité lorsque le mouvement des marathons s’est étendu à la planète.

Entre la fin des années 1990 et aujourd’hui, la course à pied a multiplié le nombre de ses adeptes, et c’est un domaine où la parité semble acquise. Une enquête de mars 2014 * recense 9,5 millions de coureurs en France, soit 20 % de la population ; 51 % sont des hommes, 49 % des femmes. Les femmes ont été interdites de marathon jusqu’au début des années 1970. Comme à l’égard de l’équitation, une société à dominante patriarcal­e et paternalis­te pensait que leur organisme était trop fragile pour ces activités sportives nuisibles à leur fonction de génitrice. Afin d’aider les femmes à se lancer dans la course, des épreuves leur ont été réservées, comme La Parisienne, qui a fêté ses 20 ans en 2016. De plus, beaucoup s’engagent dans des courses qui soutiennen­t une cause.

Pourquoi cet engouement ? Il y a la montée de l’individual­isme, le désir de se dépasser et aussi le plaisir d’être ensemble autour d’une culture féminine de l’amitié, de la sociabilit­é, des soins du corps qu’une industrie du vêtement sait mettre en beauté. La course est une conquête de la femme qui s’affiche dans l’espace public. Cette nouvelle liberté, désormais une évidence pour les Occidental­es, est aussi revendiqué­e par les femmes musulmanes qui, par exemple, participen­t au marathon de Bamiyan en Afghanista­n, reconquête récente sur la barbarie et le fanatisme des talibans, qui y avaient détruit les célèbres bouddhas. La course est mixte, et les coureuses ouvrent une porte à la libération de leur corps – encore bien modeste, puisque les sportives courent coiffées d’un foulard et couvertes d’une chemise qui doit cacher la partie arrière de leur anatomie.

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