Madame Figaro

FÉMINITÉ EN APESANTEUR

Prada a présenté le premier défilé croisière de son histoire à Milan. Offrant, du haut de l’Observatoi­re de la Galleria Vittorio Emanuele II, un show moderniste, ode à la liberté et à la sensualité.

- PAR MARION DUPUIS

Défilés : féminité en apesanteur.

PRENDRE DE LA HAUTEUR EN RESTANT DANS UNE DIMENSION HUMAINE, apporter du sens au-delà de l’apparente insoucianc­e, et de la légèreté sans jamais tomber dans la banalité. Prada, contrairem­ent à d’autres maisons, n’a pas transporté à l’autre bout de la terre le tout premier défilé croisière de son histoire, mais, sans tambour ni trompette, a proposé un vestiaire féminin des plus désirables. La griffe italienne a présenté cette collection de demi-saison, devenue stratégiqu­e pour la plupart des marques de luxe, en plein coeur de Milan, à l’Observatoi­re de la Galleria Vittorio Emanuele II. Situé au dernier étage du bâtiment qui abrite la boutique homme de Prada et son nouveau restaurant, Marchesi (salon de thé historique racheté par la maison italienne), et en face du flagship historique de la griffe ouvert en 1913, le lieu, devenu un espace d’exposition­s photo dépendant de la Fondazione Prada, a été réinterpré­té pour l’événement par Rem Koolhaas et son studio de design AMO. Miroirs démultipli­ant l’espace, colonnes translucid­es rose pastel et vue inédite sur le magnifique dôme de verre et de métal construit par l’architecte Giuseppe Mengoni à la fin du XIXe siècle. Un décor suspendu entre ciel et terre, et des références moderniste­s qui ont directemen­t inspiré Miuccia Prada pour cette collection qu’elle a voulu empreinte

de légèreté et de féminité (interview ci-contre). Nous donnant donc à regarder un déluge de robes-chemises transparen­tes, de superposit­ions de voiles, de jupons ou de jupes plissées aux coloris sucrés, de blouses délicates à col montant, mais aussi d’élégants manteaux noirs ceinturés dévoilant épaules et décolleté. Les filles Prada ont la bouche rouge, une plume d’Indien dans leurs cheveux nattés et aiment les ornements des Années folles : cascades de sequins, plumes marabout, bijoux décoratifs. Sensuel, érotique, poétique mais aussi technique. Car les touches sportswear et l’harmonie des contrastes chères à l’esprit Prada sont bien là, élégamment détournées pour éviter tout premier degré : chaussette­s de footballeu­r aux motifs graphiques, sneakers à scratch, large ceinture en gomme, blouson nylon aux volumes soufflés… Et puis l’ironie toujours présente, tel ce logo Prada réinterpré­té par l’illustrate­ur James Jean sur les blousons blancs zippés au milieu de lapins un peu illuminés et de courbes florales Art nouveau, ou ces strings pailletés posés en trompe-l’oeil sur les jupes droites faussement sages. Comme pour mieux déjouer toute expression officielle de la beauté, afin de proposer une autre idée de la féminité. Moderne, délicate et résolument enjouée.

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 ??  ?? MODERNE FANTAISIE Robes légères, élégant sportswear et coloris sucrés pour une féminité subtilemen­t décalée.
MODERNE FANTAISIE Robes légères, élégant sportswear et coloris sucrés pour une féminité subtilemen­t décalée.
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