Madame Figaro

LIFESTYLE/Cuisine : le Drugstore, (re)tour de table.

LA BRASSERIE MYTHIQUE DU DRUGSTORE DES CHAMPS-ÉLYSÉES RENAÎT SOUS LA HOULETTE DE DEUX GRANDS NOMS : LE CHEF ÉTOILÉ ÉRIC FRECHON ET LE DESIGNER ANGLAIS TOM DIXON. “MADAME FIGARO” LES A RENCONTRÉS EN EXCLUSIVIT­É. MISE EN BOUCHE.

- PAR MARIE-CATHERINE DE LA ROCHE / PHOTOS BERNHARD WINKELMANN / RÉALISATIO­N MICHÈLE CARLES

C’ÉTAIENT LES ANNÉES « MAD MEN » : Marcel Bleustein-Blanchet, le pape de la publicité, fondateur de Publicis, ouvrait le premier concept-store parisien. Un rêve américain où l’on pouvait acheter journaux, cigarettes, vinyles et aspirine jusqu’à deux heures du matin, sept jours sur sept. Où les belles venaient chercher à la volée un collant pour ne pas laisser filer la soirée, et les playboys, une bouteille de champagne… et un rasoir pour faire mentir les petits matins. Paris découvre les hamburgers et les banana split, les manchettes de la presse internatio­nale et la high-tech, flâne, drague et se donne rendez-vous à la brasserie du Drugstore. Après des hauts et des bas, le lieu mythique, réarchitec­turé en 2004 sous l’aile de verre et d’acier de Michele Saee, retrouve aujourd’hui son ADN. Aux fourneaux : le chef étoilé du Bristol Éric Frechon. À la déco : le designer anglais Tom Dixon. Regards croisés.

« MADAME FIGARO ». – Le Drugstore, pour vous, c’est quoi ?

ÉRIC FRECHON. – Mes 20 ans ! Le lieu avant-gardiste de toutes les envies. On s’y rendait sans se poser de question, tôt, tard, à n’importe quelle heure. C’est cette énergie joyeuse que j’ai voulu retrouver. Un peu comme dans un hôtel sans chambres où l’on va et vient, du premier café croissant au dernier verre, sauf qu’on n’y dort pas. TOM DIXON. – Mon premier souvenir, ce sont les grosses lettres en Inox de son logo, très années 1970. C’était la grande époque design en France. La déco, les matériaux étaient de luxe, mais les prix dessalés. C’était un endroit qui respirait la jeunesse, qui s’affranchis­sait des convention­s. Mon envie a été de lui réinsuffle­r cet esprit frondeur, effronté, tellement alléchant aujourd’hui, de naviguer entre nostalgie et nouvelle vie.

Quel esprit pour la brasserie ?

É. F. – Petit déjeuner de roi pour lèvetôt ou regain d’appétit pour prince de la nuit, teatime ou apéro, before ou after : c’est le lieu de toutes les petites et grandes faims. Finger food, club–sandwich, salade César, oeufs Bénédicte, huîtres… à toute heure. Et, bien sûr, hamburger et faux-filet. La viande fait partie des fondamenta­ux du Drugstore ! Mais si les classiques sont bien là, je me suis amusé à les décliner en tartare aux couteaux et coquillage­s, en burger de gambas et coriandre… Et j’ai mis des viandes

de collection – Wagyu, Angus, Normande - à la carte. Carpaccio de boeuf au soja et radis ou chateaubri­and-purée, tomate en sorbet ou cuite façon pizza, ananas à la coriandre ou flambé au rhum… Chaque ingrédient a aussi sa version crue et sa version cuite, pour assiettes healthy ou gourmandes. Et si les pâtisserie­s tiennent comptoir, pas question d’oublier les glaces et sorbets. C’est tout de même le

Drugstore qui a fait découvrir les coupes à l’américaine et les milkshakes aux Parisiens !

T. D. – Il y a des codes parisiens que j’adore : le service au comptoir, les banquettes… Il fallait absolument conserver tout ça. Tout en redonnant leurs lettres de noblesse aux matériaux et au confort, en écho à l’esthétique glam masculine des années 1960. Ce qui a vraiment changé, c’est la cuisine. Elle était fermée. Mais aujourd’hui, c’est là que ça se passe, tout le monde veut voir le ballet des hommes en toque. En plus, Éric Frechon est un chef de renom, ça méritait bien de lui consacrer la moitié de l’espace. C’est le héros de la pièce. Je n’ai fait que la scénograph­ier, lui donner une toile de fond : bois, laiton, velours, cuir, marbre noir Saint Laurent pour le bar, céladon et bordeaux pour les tables, canapés profonds, fauteuils enveloppan­ts flanelle, moutarde et lie-devin… en clin d’oeil à « Mad Men ».

133, avenue des Champs-Élysées, à Paris. www.publicisdr­ugstore.com

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Le chef 3 étoiles Éric Frechon (à gauche), aux fourneaux, et le designer anglais Tom Dixon à la déco réinventen­t l’esprit frondeur de la brasserie du Publicis Drugstore.
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