FRED VARGAS Le retour d’Adamsberg
Il y a toujours plus que du polar dans les romans de Fred Vargas. Une certaine poésie, une grande jubilation dans l’art de manier la langue et de faire parler ses personnages, et cette imagination débordante aux frontières de l’ésotérique dans la manière de tuer et les raisons pour lesquelles on le fait. Bref, les serial killers de l’auteur n’ont rien à voir avec leurs homologues, d’où qu’ils fussent, et, dommage pour eux, c’est un peu à cela qu’on les reconnaît. Les fans retrouveront le talentueux commissaire Adamsberg toujours flâneur et flegmatique, qui voit dans les brumes
(bien que celles-ci soient un peu réfractaires par moments), et son meilleur ennemi et acolyte, le commandant Danglard, particulièrement mal luné. Dans une atmosphère de guerre de clocher où les coups bas se nourrissent de littérature, la brigade se retrouve aux prises avec une hécatombe de vieux messieurs dans le sud de la France. Hécatombe particulièrement mystérieuse puisque la meurtrière semble être ni plus ni moins qu’une araignée, aussi peureuse et solitaire qu’elle est peu venimeuse. Alors quoi ? Les symptômes sont là, qui emportent les victimes en quarante-huit heures sans qu’il n’y ait rien à faire, mais la suspecte n’est ni suffisamment intrépide ni suffisamment armée. Entre deux garbures qui donnent faim et deux madirans qui donnent soif – ce n’est pas pour rien que le commissaire est béarnais –, nous voilà entraînés dans une machination machiavélique où l’on apprend tout sur les araignées… Mais pas que ! Un grand roman, aussi glaçant qu’édifiant. V. G.