FRÉDÉRIC MALLE
éditeur de parfums
MES « FILS SONT MES AGENCES DE SONDAGE »
Le Frenchie le plus sélect de New York, père de quatre enfants dont deux garçons jeunes adultes, vient de lancer Superstitious, le premier parfum d’Alber Elbaz, et a plusieurs projets dans ses pipelines.
Comment vous êtes-vous initié à la beauté ?
Tout simplement en regardant mon père se raser. J’ai un souvenir très précis de ses problèmes de lames, jamais assez affûtées. Cela peut paraître rétrograde, mais j’ai gardé un rituel très simple, qui privilégie le confort et l’efficacité. Je suis juste très pointilleux sur la crème à raser. J’ai longtemps utilisé celle de Kiehl’s, mais je vais bientôt lancer la mienne, hydratante, rafraîchissante et parfumée au Vétiver Extraordinaire, ainsi qu’un après-rasage sur une base sérum qui fait pousser le poil droit.
D’autres confidences ?
De même que je n’aime pas les filles avec du fond de teint, j’évite le gel capillaire. Quand je n’ai pas eu le temps d’aller chez le coiffeur, il m’arrive de mettre un peu de spray Bb. Thickening de Bumble and Bumble, qui discipline et épaissit les cheveux. L’hiver, quand j’ai la peau sèche, je pique la Crème de la Mer de ma femme. Contre mes yeux de poisson rouge, le Soin du Regard Anti-Fatigue de Tom Ford fait le maximum. Mais je suis encore loin de John Demsey, le président exécutif d’Estée Lauder, qui, en voyage, emporte une valise entière de produits. Et vos fils ?
Je leur ai transmis le goût des produits simples et de bonne qualité. Ils ont même adopté mon rasoir mécanique Gillette. Bien sûr, ils sont très portés sur les parfums, et me servent de mouillettes vivantes. Je leur fais essayer mes nouvelles créations, pour savoir si c’est confortable à porter, si ça plaît à leurs copines. Paul, 25 ans, a un faible pour Vétiver Extraordinaire, et Lucien, 20 ans, oscille entre Géranium pour Monsieur et Outrageous.
Que vous disent les hommes ?
Ils me posent beaucoup de questions sur les déodorants. « Sont-ils dangereux ou pas ? » En matière de parfums, ils sont désemparés, ils ont peur de faire des erreurs, de paraître vulgaires. Une fois, on m’a même demandé un « parfum qui ne sent pas ».
En gros, il y a deux grands types d’homme, fidèles à leur famille olfactive : le clan
« Eau Sauvage », qui veut sentir le frais, le propre, et le club « Azzaro », qui aime les jus plus virils et plus puissants. Ceux-là veulent laisser leur signature… Sans oublier un petit groupe d’experts très pointus.
Vos conseils à un ami ?
De rester soi-même avant tout. Il y a mille façons de séduire. J’en vois pas mal qui s’obligent à porter la barbe pour paraître cool, jeune ou pour cacher un défaut, alors que ça ne leur va pas.