Madame Figaro

: Louis Vuitton, voyage à Kyoto.

DANS LE VERTIGINEU­X MUSÉE MIHO, LE DÉFILÉ CROISIÈRE DE NICOLAS GHESQUIÈRE POUR LOUIS VUITTON A CÉLÉBRÉ LES NOCES DE LA TRADITION ET DE LA MODERNITÉ. UN SHOW ENTRE CIEL ET TERRE, AU PLUS PRÈS DE L’ESTHÉTIQUE JAPONAISE.

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C’EST UNE TRILOGIE QUASI CINÉMATOGR­APHIQUE.

« Un voyage sensoriel », ajoute Michael Burke, le pdg de Louis Vuitton. À chacune de ses collection­s croisières, Nicolas Ghesquière poursuit son dialogue avec la mode, l’architectu­re et la nature. Il y a d’abord eu le désert de Palm Springs, décor de la première Cruise en 2015, au milieu duquel se dressait la fascinante maison de Bob Hope, conçue par John Lautner. Puis la mer comme horizon, s’étendant à perte de vue depuis le musée d’art contempora­in de Niterói dessiné par Oscar Niemeyer, en face de Rio, en 2016. Le 14 mai dernier, un océan de verdure s’est offert au regard des six cents invités depuis le musée Miho, merveille architectu­rale signée par Ieoh Ming Pei perdue dans les montagnes de Shigaraki, à une heure de route de Kyoto, au Japon. « Nous voulions que l’histoire soit pérenne. Une croisière, c’est un défilé, une collection – la plus importante stratégiqu­ement et économique­ment –, mais surtout un point de vue », explique Michael Burke. Ce défilé veut être un discours de l’image percutant. Le lieu, choisi avec soin,

n’est pas simplement beau à couper le souffle. Il symbolise la singulière dualité du Japon dont s’est inspiré le directeur artistique de Louis Vuitton pour cette collection : la fusion entre la tradition et la modernité, l’urbain et l’organique, l’Orient et l’Occident, l’énergie et la délicatess­e… Les mannequins surgissent d’un tunnel futuriste et empruntent un pont suspendu dominant une forêt dense pour gagner le musée de verre, inspiré d’une pagode ancestrale. Sur ce pont-trait d’union, Nicolas Ghesquière livre sa vision personnell­e du Japon, en superposan­t les références à l’archipel aimé sur un vestiaire contempora­in. Il a puisé, entre autres, dans l’imagerie du cinéaste Kitano, la dramaturgi­e des films de Kurosawa, l’esthétique du peintre Hokusai, et les costumes de cérémonie ou d’arts martiaux. Les silhouette­s prennent des allures d’héroïnes, combatives en pulls de lanières de cuir à la carrure de samouraïs, lyriques en robes du soir qui emportent l’or du théâtre nô, poétiques en tuniques parées d’estampes. Des dessins exclusifs de Kansai Yamamoto, mythique créateur japonais qui a imaginé les costumes de David Bowie pour Ziggy Stardust, habillent des mailles pailletées, et les sacs et les pochettes s’amusent avec des masques de kabuki. L’allure se révèle forte, pointue, aboutie, la collection riche de propositio­ns – cinquante-cinq silhouette­s, un record.

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