ÉDITO/« On n’arrête pas le progrès », par Arthur Dreyfus.
Après des mois d’attente, Donald Trump a rendu sa décision : son pays se retire de l’accord de Paris, rejoignant la Syrie et le Nicaragua, et s’opposant à 195 nations qui se sont engagées à réduire leurs émissions de carbone. À première vue, c’est une catastrophe : les États-Unis figurent parmi les premiers pollueurs de la planète, et cette défection risque d’en entraîner d’autres. Mais n’oublions pas qu’en grec « krísis » se traduit par « crise » ou par « opportunité ». En l’occurrence, bien malgré lui, M. Trump pourrait avoir déclenché la plus vaste prise de conscience écologique de ce début de XXIe siècle. Dès son annonce, des millions de commentaires outrés ont envahi les réseaux sociaux. La presse du monde entier s’est dressée contre son décret. L’ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a vanté le succès économique des énergies vertes. Des milliers de villes ou d’entreprises américaines ont affirmé qu’elles poursuivraient leur action en faveur du climat. Les gouvernements de pays majeurs, de la Chine à l’Inde – et même la Russie –, ont réaffirmé leur attachement à cet accord. Chez nous, le président Macron a réussi son opération de communication grâce à l’ingénieux slogan « Make our planet great again », s’érigeant en chef du monde moderne – du monde de demain. Car c’est bien une décision digne du « monde d’hier » que le locataire de la Maison-Blanche a prise : aux yeux des nouvelles générations, s’opposer à la pollution des océans, à la destruction de la couche d’ozone ou à la déforestation n’est plus une question de politique, mais de bon sens. Insulter les femmes n’est plus une question de « style », mais un comportement rétrograde. Quoique piteux, dans ses derniers soubresauts, le monde d’hier rend finalement service au monde de demain, en nous rappelant le sens du mot « progrès ». On respire !