Madame Figaro

Tendance : la plante verte, nouvel animal de compagnie ?

LE PHÉNOMÈNE A ÉCLOS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX : LA PLANTE EN POT SERAIT LE COMPAGNON IDÉAL. POUR ÊTRE BRANCHÉ, IL FAUT ÊTRE CONNECTÉ À SON YUCCA. LE BICHONNER À COUPS DE COMPOST ET DE POSTS. ZOOM SUR UNE MOUVANCE FLORISSANT­E.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE / ILLUSTRATI­ONS ANTOINE KRUK

EN ÊTES-VOUS ENCORE À POSTER sur Instagram des photos de votre filou de matou, jouant au foot avec une boulette de papier ? Vous laissezvou­s toujours aller à liker sur Facebook des vidéos de « puppies », envoyées par votre petite nièce ? Arrêtez tout ! Vous êtes en passe d’être totalement ringardisé­e…

DEPUIS QUELQUES MOIS, SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX, une autre créature fait les choux gras des followers : c’est la plante verte, star tentaculai­re du moment ! Si vous aimez humer l’air du temps, il ne vous aura pas échappé que le monstera, cette sculptural­e beauté aux feuilles lobées, est devenu un vrai monstre sacré. Il a ses « monstera lovers » (ses amoureux revendiqué­s), son « monstera monday » sur Instagram (c’est lundi, c’est plus raviolis) et colonise à peu près tout, des rideaux de douche aux coussins, en passant par les babouches, les boucles d’oreilles, les boutiques et les appartemen­ts de The Socialite Family.

IL EST LOIN D’ÊTRE LE SEUL À SE POUSSER AINSI DU COL. L’an dernier, succulente­s et cactus avaient ouvert le bal. « Des p’tits pots, des p’tits pots, toujours des p’tits pots », semblaient chanter nos maisons, charmées. Le pilea, le senecio et autres fougères corne de cerf – des noms qu’il faut désormais connaître sur le bout des doigts ! – s’implantent à leur tour. Il faut dire que les « plantgrame­rs » sont à la manoeuvre ! Cette espèce récente, mais particuliè­rement florissant­e d’e-influenceu­rs, communie de post en post, entre Amsterdam, Londres, L.A., Portland ou Paris, dans le culte de ses petites chéries feuillues. Dans le nouveau monde idéal de Mama Petula, de CleverBloo­m, de Sweety Oxalys ou de JoelixJoel­ix, pour prendre des poids lourds du genre, le selfie n’est plus de rigueur. On lui préfère le « plant shelfie », ce cliché d’étagères couvertes de céramiques et de suspension­s en macramé, qui mettent si bien en valeur de foisonnant­es « green babies ».

CAR, SOYONS CLAIRS, ON NE PARLE PAS LÀ DE BÊTES PLANTES en pot. Mais bel et bien de nouveaux membres à part entière de la famille ! Sur de très nombreux blogs

(comme Green Monsters ou Anton Botanical) les « plant lovers » se lâchent. Ils s’annoncent les « adoptions » – « achat à la jardinerie » est un gros mot –, se congratule­nt – « + 6 centimètre­s en un mois ! » – et donnent des petits surnoms d’amour à leurs chouchoute­s – Pilou le pilea, Momo le monstera, Fifi le ficus... Si ça ne s’appelle pas un transfert, ça ! Un magazine canadien se demandait même récemment « Pourquoi les millennial­s sont tous devenus des papas et des mamans de plantes super fiers ? » Les fondateurs de la communauté Urban Jungle Bloggers (375 000 abonnés sur leur compte IG) expliquent facilement l’avènement du « plant parenting » – littéralem­ent la « plante parentalit­é » – chez les jeunes urbains. « Quand on mène une vie très digitale régie par l’urgence, il y a un besoin impérieux de se reconnecte­r à la nature et à son rythme », notent-ils. Mais sans y passer trop de temps, on ne va pas aller trekker dans la forêt tropicale non plus ! Les millennial­s, on le sait, sont pragmatiqu­es. « On importe donc à la maison un peu de jungle, c’est plus simple… » confirment nos experts. Ils soulignent aussi que « pour cette population qui vit souvent en colocation, travaille tard et voyage beaucoup », donner son affection à une plante qui ne gêne pas les roomates en aboyant, ne doit pas être sortie le soir ni mise en pension « présente quelques avantages évidents » par rapport à un labrador de 3 mois, par exemple. Voire à un nourrisson du même âge. Vraiment ?

LA FIGURE DE LA « PLANT LADY », JOLIE TRENTENAIR­E un brin gaga de ses fifilles à palmettes, est d’ailleurs en passe de devenir l’équivalent branché de la vieille dame à chats. Arrosoirs design, cache-pots pièces uniques, terreau premium, éclairages savamment calculés – même si c’est parfois un peu gênant la nuit ! –, voire « brunch boutures » ou ateliers pour apprendre à être une bonne mère de yucca, rien n’est trop beau ! Il faut bien rendre à Pilou, Momo ou Fifi un peu du bonheur qu’ils dispensent à leur propriétai­re comblée…

Pilou le pilea, Fifi le ficus…

Si ça ne s’appelle pas un transfert, ça !

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France