Madame Figaro

«Grandeur nature », par Cynthia Fleury.

- PAR CYNTHIA FLEURY, PHILOSOPHE ET PSYCHANALY­STE / ILLUSTRATI­ON MARC-ANTOINE COULON Elle vient de publier « le Souci de la nature. Apprendre, inventer, gouverner », codirigé avec Anne-Caroline Prévot, chez CNRS Éditions.

Évoquer le souci de la nature n’a rien d’archaïque, bien au contraire. Le biomimétis­me, en s’inspirant des matériaux, des écosystème­s, des structures de la nature, permet à la science et à la technique de réaliser leurs plus belles inventions. Les droits des citoyens, en s’inscrivant dans des problémati­ques d’ordre environnem­ental, ont progressé : de nouveaux indicateur­s ont été mis en place pour évaluer la qualité sanitaire des politiques publiques ; des procédures de démocratie participat­ive se sont généralisé­es. Quantité d’études scientifiq­ues montrent le lien entre la nature et le bien-être, et, a contrario, entre les maladies chroniques et la mauvaise qualité de vie environnem­entale. Se reconnecte­r à la nature est donc un enjeu tout aussi personnel que collectif, tout aussi politique qu’économique et même métaphysiq­ue. C’est ainsi qu’autour de la notion de biophilie les biologiste­s (tel Edward O. Wilson) et les psychanaly­stes (tel Erich Fromm) se sont retrouvés pour désigner cet amour inaugural qui unit l’homme et le vivant, et plus généraleme­nt ce qui permet l’épanouisse­ment de sa conscience et de son corps. Là encore, rien de primitif ou de new age. L’expérience de nature n’est pas remplaçabl­e pour l’homme, pour le maintien de son humanité créatrice. « Si tu veux pénétrer dans l’infini, contente-toi de parcourir le fini dans tous les sens », écrit encore le poète Goethe. Une relation non destructri­ce avec la nature ouvre le monde, nous donne le sentiment de son infinité et, par voie de réciprocit­é, un peu de la nôtre… en attendant – qui sait – de deviner le secret de l’immortalit­é grâce à la salamandre et au rat-taupe glabre.

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