«Grandeur nature », par Cynthia Fleury.
Évoquer le souci de la nature n’a rien d’archaïque, bien au contraire. Le biomimétisme, en s’inspirant des matériaux, des écosystèmes, des structures de la nature, permet à la science et à la technique de réaliser leurs plus belles inventions. Les droits des citoyens, en s’inscrivant dans des problématiques d’ordre environnemental, ont progressé : de nouveaux indicateurs ont été mis en place pour évaluer la qualité sanitaire des politiques publiques ; des procédures de démocratie participative se sont généralisées. Quantité d’études scientifiques montrent le lien entre la nature et le bien-être, et, a contrario, entre les maladies chroniques et la mauvaise qualité de vie environnementale. Se reconnecter à la nature est donc un enjeu tout aussi personnel que collectif, tout aussi politique qu’économique et même métaphysique. C’est ainsi qu’autour de la notion de biophilie les biologistes (tel Edward O. Wilson) et les psychanalystes (tel Erich Fromm) se sont retrouvés pour désigner cet amour inaugural qui unit l’homme et le vivant, et plus généralement ce qui permet l’épanouissement de sa conscience et de son corps. Là encore, rien de primitif ou de new age. L’expérience de nature n’est pas remplaçable pour l’homme, pour le maintien de son humanité créatrice. « Si tu veux pénétrer dans l’infini, contente-toi de parcourir le fini dans tous les sens », écrit encore le poète Goethe. Une relation non destructrice avec la nature ouvre le monde, nous donne le sentiment de son infinité et, par voie de réciprocité, un peu de la nôtre… en attendant – qui sait – de deviner le secret de l’immortalité grâce à la salamandre et au rat-taupe glabre.