“ÉPARGNER SOLIDAIRE,
C’EST REPRENDRE LA RESPONSABILITÉ SUR SON ARGENT”
Plus d’un million de Français ont choisi en 2016 la finance solidaire. Sophie des Mazery, directrice de l’association Finansol *, nous dit comment donner du sens à son épargne.
« MADAME FIGARO ». – De plus en plus de Français, conscients des inégalités, ne veulent plus seulement donner à des associations, mais coconstruire en investissant de l’argent dans des projets, même si c’est peu chaque mois… SOPHIE DES MAZERY. – La finance solidaire est en pleine expansion.
En quinze ans, nous sommes passés de 270 000 à plus d’1million d’épargnants qui ont, au total, souscrit 1,8 million de produits sur lesquels ont été placés près de 10 milliards d’euros. C’est colossal. Les gens choisissent un projet social, environnemental, international, c’est selon. Épargner solidaire, c’est reprendre la responsabilité sur son argent. Et ça n’est pas un oxymore, il s’agit bien de préserver son capital, voire de le faire fructifier. Comment concrètement jouer le jeu de la finance solidaire ?
Il existe trois canaux majeurs. On peut souscrire une épargne solidaire par sa banque ou sa mutuelle, passer par son entreprise via l’épargne salariale, ou investir directement au capital d’une entreprise sociale et solidaire. Il ne faut pas hésiter à questionner ses interlocuteurs, utiliser le site de Finansol *, qui répertorie les offres de produits de placement ou de partage (NDLR : dans ce dernier cas, une partie de vos intérêts va à une association déterminée), et ceux labellisés par un comité d’experts indépendants. Peut-on aller plus loin ?
Notre objectif est que 1 % du patrimoine financier des Français (4 700 milliards d’euros hors immobilier) soit investi dans la finance solidaire. Nous sommes à 0,20 %. On peut mieux faire ! Nous oeuvrons pour qu’à chaque proposition d’épargne par un établissement financier, assurance-vie ou autre, corresponde toujours au moins un produit d’épargne solidaire. Nous attendons toujours le décret d’application concernant la transformation du livret de développement durable et solidaire. Les entreprises sociales et solidaires présentent un risque souvent moindre qu’une PME. Propos recueillis par Viviane Chocas * www.finansol.org