AXELLE TESSANDIER
“Il faut juste se lancer…”
POISSON-PILOTE HABITUÉ À NAVIGUER DANS LES EAUX DIGITALES, ENTREPRENEURE ENGAGÉE * PENDANT LA CAMPAGNE D’EMMANUEL MACRON, AXELLE TESSANDIER, FONDATRICE D’AXL AGENCY, DÉCODE CETTE NOUVELLE GÉNÉRATION QUI PEU À PEU S’IMPOSE.
« MADAME FIGARO ». – Dans une société française plutôt tournée vers les seniors, la place des jeunes est-elle en train de changer ?
AXELLE TESSANDIER. – Fait-on davantage confiance aux jeunes aujourd’hui ? Je dirais qu’il y a du mieux. Cette génération des 18-30 ans est née avec la révolution numérique, ce qui implique de nouveaux outils, un autre état d’esprit et des comportements inédits. Et, c’est une première, cette jeune génération a des choses à apprendre à la précédente. La hiérarchie est inversée. Reste que nous sommes encore dans une société très patriarcale. Alors, les 18-30 ans ont une place à prendre… sans attendre qu’on la leur donne forcément. Je pense que c’est encore dur de faire sa place en France quand on est jeune. Se sentent-ils représentés ? Il y a du travail. Il ne s’agit pas d’être contre les gens plus âgés, mais de s’accorder sur l’idée que plus il y a de diversité, plus il y a de créativité.
Cette génération est-elle plus engagée ?
Non, si l’on considère la participation aux dernières élections ! Mais la révolution numérique a aussi recréé une autre forme d’engagement très fort. Par exemple, le féminisme en ligne est très présent sur Twitter avec des hashtags, c’est le cas aussi de l’écologie. Les millennials s’y reconnaissent parce que cela correspond à leurs outils, à leurs discours, à la rapidité avec laquelle les communautés se créent. Tous cherchent du sens dans ce qu’ils font, avec cette obsession que l’aventure soit plus grande qu’eux-mêmes. Quel impact peuvent avoir ces 30 jeunes femmes puissantes ?
Elles sont puissantes, oui, c’est d’ailleurs un mot que nous n’utilisons pas assez. Il est aussi question de courage.
Il n’y a pas de « wonder women », il faut juste se lancer, avoir le courage de le faire. Je crois beaucoup à la sororité, ce mot devrait être connu de toutes les femmes dès l’âge de 15 ans. La sororité est nécessaire et fait du bien. Les hommes s’aident constamment entre eux. Il faut apprendre à faire de même. Ont-elles un point commun ?
Le courage, donc, et la détermination. Personne ne réussit sans travail, sans obstination. Il faut également se connaître, connaître sa vocation et aimer ce que l’on fait. Je pense à Rebecca Amsellem, avec Les Glorieuses, à Estelle Mossely, qui a fait pleurer la France entière l’année dernière, à Marjolaine Grondin, figure importante des nouvelles technologies et du monde des start-up, ou à l’authenticité et la puissance d’Oulaya Amamra dans « Divines ». Toutes ces filles-là sont des « role models » (NDLR : modèles), sans le savoir sûrement. Mais les montrer est important, car ici ou là une jeune fille va lire cet article et se dire : « Si elle peut le faire, moi aussi je le peux. » Elles ont déjà probablement changé la vie de quelques-unes. Les artistes, les entrepreneures, les sportives, les chefs, ont un rôle politique important parce qu’elles se soucient de la vie de la cité.
Ce sont des femmes engagées au-delà de leur domaine respectif, avec de fortes personnalités. Chacune a un message très fort. Mais surtout, leur liberté consiste à ne pas rester enfermées dans ce que la société projette pour elles. Alors que notre pays adore mettre les gens dans des cases établies, elles les détournent, les détruisent. Tous les jours, elles luttent contre leurs peurs, passent au-delà des refus… C’est la clé. Alors on compte sur elles. * « Marcheuse de la première heure », éditions Albin Michel (en octobre).