CÉSAR ou l’expérience de la matière
Un géant. Vingt ans après sa disparition, le Centre Pompidou consacre au sculpteur César un hommage en forme de rétrospective monumentale. Cent vingt-six pièces, connues ou plus confidentielles, retracent le parcours démesuré de cinquante ans de création qui ont révolutionné la sculpture. César Baldaccini, fils d’un
ferronnier italien installé à Marseille, conjuguait la faconde et le tourment ; la hardiesse et l’inventivité ; le fer, le bronze et le polyuréthanne. Figure majeure du nouveau réalisme, le dernier des Montparnos, disparu le 6 décembre 1998 à 77 ans, traversa le siècle à grands fracas de ruptures devenues essentielles : son bestiaire en fers soudés, ses compressions de voitures, ses empreintes humaines aux dimensions démultipliées, ses enveloppages en méthacrylate, ses happenings à travers le monde…
TRANSFORMATIONS. Fasciné par Picasso - son « Centaure » lui rend hommage -, fou de matériaux, de métamorphoses comme de détournements – presse de ferrailleurs, pantographe, fréon, résines… –, il a inauguré sa carrière par un « Esturgeon de fer » (1954), prémices des prouesses à venir, reproduit son pouce – l’un d’eux siège devant le Centre Pompidou le temps de l’exposition –, le sein d’une danseuse du Crazy Horse (1966) – il avait songé à celui de BB ou de Jane Fonda –, et manipulé les symboles industriels comme les déchets urbains.
LA CONQUÊTE DE LA MATIÈRE. Artiste de renommée mondiale, devenu un personnage public avant l’heure, il a donné en 1976 son nom à la nuit et aux trophées du cinéma français, représenté la France à la Biennale de Venise en 1995 (« 520 tonnes » de compressions, autant de carcasses de voitures) et reçu l’année suivante le Nobel arty, le prix Praemium Imperial. Il avait un credo formidable et constructif :
« Je ne cherche pas, je trouve. » Complexe, original, disruptif, il mena une conquête épique de la matière tout en y apportant beaucoup de chair.
César, jusqu’au 26 mars au Centre Pompidou, à Paris. www.centrepompidou.fr
Catalogue de l’exposition sous la direction de Bernard Blistène et Bénédicte Ajac, Éditions du Centre Pompidou. Le film de l’exposition « César, sculpteur décompressé », sur Arte le 17 décembre, puis durant sept jours sur Arte.tv