Madame Figaro

Business mode : vestiaire de luxe à louer, le dernier chic ?

EMPRUNTER DES VÊTEMENTS DE CRÉATEURS, C’EST PRATIQUE ET ÉTHIQUE. ZOOM SUR UN PHÉNOMÈNE QUI RÉPOND AUX NOUVELLES ATTENTES.

- PAR VANESSA ZOCCHETTI panoplycit­y.com ; lhabibliot­heque.com ; elsscollec­tion.fr ; beaurow.com

POSSÉDER,

C’EST DÉPASSÉ

L’ère du dressing à la Mariah Carey serait-elle révolue ? Vu le nombre de start-up qui se lancent sur le secteur de la location de vêtements griffés, la réponse est « oui ».

« Les États-Unis ont ouvert la voie, décrypte Constance Denis, styliste à l’agence de conseil en tendances Peclers Paris.

Les Américaine­s louent d’abord une robe pour leur bal de promo, puis cela devient un réflexe. » Le succès du site US Rent the Runway, créé en 2009, qui cinq ans plus tard comptait déjà 5cinq millions d’abonnées, a d’ailleurs inspiré des initiative­s françaises comme Panoply, L’Habiblioth­èque, ElssCollec­tion ou Beaurow, qui permettent d’emprunter en ligne et de s’habiller en Carven, Kenzo, Valentino, Chanel, Alexander Wang, Lanvin, Dolce & Gabbana… sans se ruiner. « On est en train de passer de la location occasionne­lle de la robe de mariée à celle d’un vestiaire pour le quotidien via des abonnement­s mensuels d’environ 150 € pour – selon les sites – une à quatre pièces échangeabl­es, souligne Constance Denis. Aujourd’hui, on ne cherche plus à posséder mais à vivre une expérience. Être tendance mais sans avoir à gérer stockage et nettoyage. » Envie aussi de s’alléger ? C’est ce que confirme une récente étude de Kantar Worldpanel, qui relève que les consommate­urs sont 74 % à éprouver du plaisir dans l’usage plutôt que dans la possession, 58 % considéran­t même cette dernière comme un fardeau.

UN NETFLIX DE LA MODE « Quand nous avons lancé L’Habiblioth­èque en 2014, détaille sa cofondatri­ce Anahi Nguyen, nous avions au préalable observé les modèles de Spotify (service de streaming musical) et de Netflix (idem pour les films et séries) et déduit qu’en 2024 les femmes achèteraie­nt 30 % de leur garde-robe et en loueraient 70 %. » L’Habiblioth­èque connaît aujourd’hui une croissance de 30 %. « Notre offre découverte à 69 € permet de tester, pendant un mois, la possibilit­é d’emprunter trois pièces à la fois et de pouvoir les échanger à tout moment, complète Anahi. Puis on s’offre l’abonnement à 149 €. » La formule intéresse aussi pour sa dimension durable. Comme le souligne Pascale Guasp, cofondatri­ce du site de location ElssCollec­tion, créé en 2014 : « La fast fashion, c’est fini. Nos clientes ne veulent plus gâcher. Louer un vêtement, qui sera utile à plusieurs personnes, puis vendu, en fin de saison, à un prix réduit et poursuivra ainsi sa vie, est un circuit vertueux qui séduit de plus en plus. »

LE CLIENT TOUJOURS ROI

Quand on loue son dressing, on exige un service impeccable. Propreté irréprocha­ble, délais de livraison respectés, échanges et retours facilités. « Les grandes marques acceptent que nous les distribuio­ns, explique Anahi Nguyen, car elles savent que nous allons respecter leur image en adoptant tous les codes du luxe en matière de service. » Même démarche chez ElssCollec­tion, où Pascale Guasp a fait, elle aussi, le choix d’intégrer aussi tous ces aspects techniques et va même plus loin en misant sur le conseil : « Pour la location, le multicanal est primordial. Nous avons donc un beau showroom parisien, dans lequel nos clientes peuvent venir essayer les tenues, se faire conseiller, échanger avec les autres. » Et convaincre les futures Mariah Carey que louer, c’est aussi partager.

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