Madame Figaro

MARIANNE GUEDIN Artiste par nature

SCÉNOGRAPH­E VÉGÉTALE, ELLE OEUVRE À LA CRÉATION DE SOMPTUEUX DÉCORS POUR LES GRANDES MARQUES DU LUXE ET LES PARTICULIE­RS.

- PAR MARIA GRAZIA MEDA / PHOTO LÉA CRESPI

Business : Marianne Guedin.

Une heure de réveil ? 5 heures, pour aller à Rungis. Afin de garder le rythme, je me lève tôt, même quand je n’y vais pas. Le pitch de votre poste ? Je mets en scène plantes, fleurs, fruits. C’est un métier créatif et très physique : j’élabore des « mood boards » avec matières, couleurs et fleurs spécifique­s. Puis vient le chantier : transporte­r les produits, monter, démonter. Le public ne perçoit que le côté féerique de ces créations. Moi, j’ai cessé de compter le nombre de seaux d’eau que je déplace en une journée ! Parallèlem­ent, je dessine des objets – vases, lampes… — distribués sous mon nom par des éditeurs.

Quelques chiffres à donner ici et maintenant ? Le budget de mes décors varie de 1 000 euros (pour les copines !) à 100 000 euros. Pour un événement à Versailles, j’ai récemment dressé une table de 150 mètres, avec 40 000 tiges, 400 kilos de fruits, 200 kilos de confiserie­s : vingt-deux heures de travail non-stop. Comme je travaille seule à mon compte, je fais appel à des free-lances pour ces événements.

S’il faut remonter à l’origine ? Un père médecin qui faisait des tours de magie à la maison, une mère qui cultivait un magnifique jardin. J’ai toujours rêvé d’être sculptrice. Mes parents m’ont encouragée à quitter notre village, Saint-Julien, pour entrer en prépa à l’Atelier de Sèvres, le tremplin pour les Arts-Déco, dont je suis sortie à 25 ans.

Un changement de cap ? Étudiante, je travaillai­s chez un marchand de fleurs ; c’est là que j’ai commencé à dessiner des vases. En 2005, Cendrine de Susbielle, alors directrice de la galerie Modem, a exposé mes vases soufflés. En 2006, au Salon Maison & Objet, je gagnais le prix « Créatrice de l’année Now ! Design à vivre ». Roche Bobois remarquait mes vases et me passait commande. J’ai dû m’inventer entreprene­use pour répondre à la demande ! J’ai trouvé un maître verrier en Pologne, et un ami m’a prêté de l’argent pour payer la fabricatio­n. Tout s’est enchaîné très vite.

Des accélérate­urs de parcours ? Les femmes ! En 2012, Anne-Marie Biré m’a ouvert les portes de l’agence La Mode en Images et m’a confié ma première scénograph­ie monumental­e. Puis Barbara Bozon et Albane Cleret, deux directrice­s d’agence de communicat­ion, m’ont invitée à fleurir des soirées parisienne­s et celles du Festival de Cannes. Enfin, cette année, grâce à Dévi Sok, productric­e événementi­elle, nouvelle étape : j’ai conçu la scénograph­ie d’un défilé couture.

Un défi pour demain ? M’ouvrir à l’internatio­nal, tout en gardant une structure légère. Je n’ai pas oublié mes débuts dans un coin de la cuisine, avec mes enfants, AnnaBella et Roméo, qui jouaient les assistants…

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