EMMANUELLE DEVOS valse avec Arditi
É patante dans « Bella Figura », qu’elle jouait au Rond-Point à la fin de 2017, l’actrice foule à nouveau les planches parisiennes, au Théâtre Édouard-VII. Dans « Quelque part dans cette vie », pièce de l’Américain Israël Horovitz adaptée par Jean-Loup Dabadie et mise en scène par Bernard Murat, elle donne la réplique à Pierre Arditi : lui est un professeur de musique érudit, odieux et solitaire ; elle, sa nouvelle aide à domicile, cherchant visiblement à lui demander
des comptes. La comédienne nous parle de cette histoire de confrontation intellectuelle et de vengeance sociale.
« Madame Figaro » – Comment est né ce projet avec Pierre Arditi ? Emmanuelle Devos. – Après « Tailleur pour dames », nous cherchions à jouer à nouveau ensemble, et Bernard Murat nous a dégoté cette pièce. Ce que j’aime dans ce texte, c’est qu’il ne s’agit pas de l’histoire d’un couple ordinaire : ce duo sort des codes du genre. Le lien fort qui les unit n’est pas amoureux, mais relève de l’apprentissage : grâce à l’autre, ils avanceront chacun dans leur vie.
Qui est cette femme que vous interprétez ?
Quelqu’un de touchant, de naïf, d’entier. Elle maîtrise mal la langue française, mais elle parle droit, vrai, et suit une pensée qui n’est pas toujours compréhensible par l’autre – ni par ellemême, d’ailleurs. De la même façon que je la découvre au gré des répétitions, elle se découvre au fil de la pièce et comprend vraiment ce qu’elle est venue chercher auprès de cet homme.
Comment définiriez-vous le ton de la pièce ?
Comme un ton Dabadie ! Jean-Loup Dabadie s’est totalement approprié le texte d’Israël Horovitz. Il y a dans sa version un sens du dialogue et une poésie qui n’existent pas dans la pièce originelle. Dans cette adaptation, les choses violentes passent un peu plus en douceur.
C’est moins brut, moins cru, plus français aussi.
En quoi Pierre Arditi est-il un partenaire si particulier ?
C’est un pur acteur, avec ce feu intérieur, cette mécanique de jeu incroyable. Un regard de lui vaut plus qu’une réplique. Et il a un appétit de jeu, un plaisir très communicatif. Quand nous avons fait « Tailleur pour dames », j’étais terrorisée car je n’avais jamais joué Feydeau. Mais comme un bon danseur de valse, il m’a entraînée, portée. Ç’a été une expérience inoubliable, que j’ai voulu renouveler.
Quelque part dans cette vie, au Théâtre Édouard-VII, à Paris, à partir du 2 février.