Le doute et les réseaux », par Valery de Buchet.
La nouvelle a failli passer inaperçue : à quatre mois de son mariage avec le prince Harry d’Angleterre, Meghan Markle vient de fermer tous ses comptes sur les réseaux sociaux. Adieu Facebook, Twitter, Instagram… Adieu milliers de followers de l’actrice métisse de « Suits », désormais future duchesse de Sussex. Le protocole du Palais est imparable, et le « never explain » plus classe que les selfies. Pas sûr que cette réalité virtuelle lui manque. Un mois plus tôt, on apprenait que Chamath Palihapitiya, ex-viceprésident en charge de la croissance de l’audience de Facebook, tirait un trait sur le réseau social et interdisait également – surtout ? – à ses enfants de l’utiliser. Ajoutons Sean Parker, ex-président du même réseau, qui s’en alarme publiquement. Et Justin Rosenstein, le créateur de son symbole « J’aime », qui boude les réseaux sociaux. Bref, nombre de ces experts fuient les produits qu’ils ont eux-mêmes lancés et envoient leurs enfants dans des écoles californiennes où smartphones, tablettes et ordinateurs portables sont interdits. Un excès chasse l’autre. Le juste équilibre de leur utilisation relève désormais de la quête du Graal. Notre ministre de l’Éducation promet des mesures de confinement pour les téléphones portables dès la rentrée 2018. L’enjeu, finalement ? La réflexion. Personnelle. La surinformation ne nous apprend pas grand-chose – c’est un comble. Trier l’info du brouhaha, la croiser, la vérifier, résister aux campagnes virales comme à l’ordre moral du Web, sortir de la réalité virtuelle, raisonner par soi-même et affiner son esprit critique, tout cela relève désormais de l’exigence d’un vieux yogi. D’une ascèse, presque. Et pourtant, quelle énergie cela procure !