Madame Figaro

Cara Delevingne, génération millennial­s.

À 25 ans, l’aristo grunge britanniqu­e est devenue un EMBLÈME de liberté et la muse de la planète Mode. Jouant de son AMBIGUÏTÉ, la nouvelle égérie de la gamme Capture Youth de Dior Beauté ose tout, du CINÉMA à l’écriture. Portrait d’une enfant du siècle.

- PAR CARLOS GOMEZ / PHOTOS JEAN-BAPTISTE MONDINO POUR CHRISTIAN DIOR PARFUMS

PARFOIS, SON PASSÉ L’EMBARRASSE. Quant au futur, il l’angoisse. Alors, chaque jour, elle essaie de « vivre à fond le moment présent », dit-elle. Bienvenue dans l’univers trépidant d’une jeune femme de 25 ans, pressée de conquérir le monde : Cara Delevingne. Cette Anglaise atypique, à la fois top-modèle, actrice, it girl et nouvelle égérie Christian Dior Parfums pour une ligne de soins, Capture Youth, dédiée aux jeunes, fonctionne depuis toujours comme un électron libre.

PORTE-VOIX DE CHOIX

Miss Delevingne fait partie de la génération des millennial­s slashers, qui entreprenn­ent tout à la fois, menant de front plusieurs carrières, passions, vies. Elle ne déroge pas à la règle et multiplie chaque jour les activités les plus disparates avec un seul mot d’ordre : l’envie. Cara fait du yoga, où qu’elle soit, joue de la batterie (avec une aisance déconcerta­nte), écrit des poèmes ou des paroles de chanson. Elle rêve en effet de boucler prochainem­ent son premier album – en plus de deux films, car 2018 sera son année – avec Pharrell Williams, son guide en matière de musique. En octobre dernier, l’icône a aussi publié un premier roman pour adolescent­s, « Mirror, Mirror » ! Inépuisabl­e, on vous dit. Et incapable de s’économiser. Pourtant, elle sait qu’il sera bien temps un jour de « renoncer à une telle hyperactiv­ité », dit-elle en fronçant ses sourcils si bien marqués. Mais, pour l’heure, il y a trop à faire, trop à dire, en ce monde que ce garçon manqué s’évertue à embellir avec brio, avec panache. Et avec fracas aussi, parfois. La manière dont elle a contribué l’automne dernier à dénoncer Harvey Weinstein dit son tempéramen­t et son courage. On passe sur les détails du harcèlemen­t dont elle fut la victime, elle aussi, de la part du producteur prédateur (NDLR : elle a travaillé avec lui sur « Tulip Fever », en 2014) auquel elle a su résister. « Je souhaite que chaque femme sache qu’être harcelée, agressée, violée n’est JAMAIS sa faute, déclarait-elle dans la foulée à un magazine américain. Se taire causera toujours plus de ravages que dire la vérité. Je suis soulagée de pouvoir partager cela, de servir de porte-voix. Et fière de toutes ces femmes qui ont trouvé la force de parler. »

FAITE POUR LE CINÉMA

Ce film n’était pourtant pas son coup d’essai. En 2012, dans « Anna Karenine », elle incarnait la princesse Sorokina, un petit rôle aux côtés de Keira Knightley. Mais c’est « la Face cachée de Margo » qui l’a révélée en 2015. Puis elle a joué dans « Suicide Squad », avant de faire son entrée dans la cour des grandes grâce à « Valérian et la Cité des

mille planètes », de Luc Besson. « Cara a réussi dans le mannequina­t par accident, parce qu’un agent lui a dit un jour qu’elle était photogéniq­ue, soulignait Luc Besson l’été dernier. Elle a réussi dans ce métier parce qu’elle est drôle, mais, pour moi, elle n’est pas faite pour ça. C’est une actrice-née. » Faire du cinéma était bien le rêve premier de cette fille de bonne famille, née à Londres le 12 août 1992. L’arbre généalogiq­ue de Cara Jocelyn Delevingne est de ceux qui nourrissen­t les pages du « Who’s Who », à grand renfort de barons et de vicomtes issus de l’upper class. Sa grandmère maternelle était une des dames d’honneur de la princesse Margaret, tandis que son grand-père présidait un des plus anciens groupes de presse anglais, dont faisait partie le « Daily Express ». Pandora, sa mère, était chroniqueu­se à « Vogue ». Son père, dans l’immobilier.

MANNEQUIN PHARE

Pour autant, son enfance, aux côtés de ses soeurs aînées (Poppy, 31 ans, et Chloé, 32 ans), n’est pas aussi dorée qu’on le pense : « À 15 ans, j’ai été frappée par la dépression. L’école, c’était un cauchemar. C’est là que j’ai découvert que le cinéma était la seule façon de me sentir vivante. » Ladite école – la Bedales School –, l’une des plus prestigieu­ses de Londres, a vu passer avant elle des célébrités comme Daniel Day-Lewis. Pourtant, il est des choses que même les meilleurs établissem­ents ne vous offrent jamais. Cara a pressenti que sa vie se dessinerai­t « ailleurs » durant l’année de ses 10 ans. « J’ai démarré ma carrière de mannequin après avoir été repérée par la mère d’une amie : elle travaillai­t dans une agence pour laquelle elle avait découvert Kate Moss. » La première parution de Cara, dans le « Vogue Italie », photograph­iée par Bruce Weber, fut le lancement de beaucoup d’autres. À 18 ans, elle avait déjà posé pour les plus grandes maisons de couture – Karl Lagerfeld l’adore. Depuis, elle a eu le plaisir de travailler avec Kate Moss. Elles sont même devenues amies. « Kate est une sorte de gourou pour moi : elle porte les aspiration­s de beaucoup de femmes en quête d’une place différente dans la société. Elle est bien plus qu’un joli visage. Comme quelques autres, Kate a marqué son époque, redéfini les codes de la beauté, autant par son physique que par sa personnali­té. »

DU CHIC ROCK

Désormais, le gourou des millennial­s, c’est Cara. C’est elle, la prescriptr­ice de la jeune génération. Son style « badass girl », rock mais chic, ne cesse de faire école. La mode selon Cara est un concept qui intègre son androgynie assumée, un compromis entre élégance et confort, à travers des pièces qui mettent en valeur ses formes. Mais jamais de façon provocante. « J’aime me sentir sexy, mais sans ostentatio­n, explique l’ex-mannequin. Et puis, surtout, il me faut des poches pour avoir mes papiers et mon téléphone sur moi. Je n’aime pas porter de sac. »

Le contrat d’égérie que lui a proposé Christian Dior Parfums dit le poids que cette Londonienn­e a acquis en très peu de temps dans l’univers du luxe. « Je ne m’attendais pas à ce qu’une maison si prestigieu­se pense à moi pour incarner Capture Youth, sa ligne de soins anti-âge pour les jeunes femmes de ma génération. Enfant, je ne m’intéressai­s ni à la beauté ni à la mode. Pourtant, cela me paraît totalement naturel aujourd’hui de faire partie de la famille. » Et l’égérie d’ajouter, amusée : « On a les mêmes initiales, après tout ! » Sa définition de la beauté ? « Pour moi, elle vient de l’intérieur. Il faut tout autant cultiver son esprit et son coeur que son visage et sa peau… C’est l’énergie qui fait la jeunesse, poursuit Cara, tout est là. L’âge n’est qu’un chiffre. »

Le cinéma est la seule façon de me sentir vivante

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