Féminisme : les révoltées de Hollywood.
LOS ANGELES, DIMANCHE 7 JANVIER : une procession de stars en noir (non pas en signe de deuil mais pour manifester leur colère et leur solidarité) foulent le red carpet de la Cérémonie des Golden Globes. Leur mot d’ordre : « Time’s Up » (« c’est fini »), injonction et nom de baptême d’une fondation destinée à la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuels. En tête, Jessica Chastain, Reese Witherspoon, Nicole Kidman et tant d’autres. Championne de la soirée, Oprah Winfrey (que certaines voient déjà à la MaisonBlanche !) s’est fait remarquer par un discours enflammé : « Je veux que toutes les jeunes filles sachent qu’une aube nouvelle se profile à l’horizon. » L’onde de choc ébranle Hollywood depuis octobre 2017 : l’affaire Weinstein, par un effet domino, a fait éclater des scandales sexuels en série et déclenché une véritable traque médiatique des prédateurs supposés. Jusqu’ici inaudibles ou presque, des voix de femmes et d’hommes se sont élevées pour demander justice, réparation et changements profonds : dans la caractérisation des femmes à l’écran mais aussi dans leur place au sein même de l’industrie, qu’il s’agisse de postes décisionnaires, techniques ou artistiques. « Il faut rester prudent, mais j’ai le sentiment que ces affaires constituent un tournant aux États-Unis, estime CharlesAntoine Courcoux (1), enseignant et chercheur en cinéma à l’université de Lausanne. Au début, ces scandales ont été une fenêtre de tir pour les féministes qui, à raison, l’ont très bien exploitée. Puis on a franchi un cap supplémentaire. Le harcèlement en tant que phénomène n’est plus